Sangha-Mane
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


Sangha virtuel
 
AccueilAccueil  GalerieGalerie  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
-45%
Le deal à ne pas rater :
PC Portable LG Gram 17″ Intel Evo Core i7 32 Go /1 To
1099.99 € 1999.99 €
Voir le deal

 

 La troisième noble vérité

Aller en bas 
AuteurMessage
Djé
Gardien du forum
Gardien du forum
Djé


Nombre de messages : 218
Age : 41
Date d'inscription : 30/08/2008

La troisième noble vérité Empty
MessageSujet: La troisième noble vérité   La troisième noble vérité Icon_minitimeDim 31 Aoû - 18:58

LA TROISIEME NOBLE VERITE



La Troisième Noble Vérité, sous ses trois aspects est la suivante : «
Il y a la cessation de la souffrance, de dukkha, la cessation de dukkha
doit être réalisée, la cessation de dukkha à été réalisée. »


L’objectif même de l’enseignement bouddhiste est de développer notre
capacité mentale à contempler notre expérience dans le but d’abandonner
nos vues erronées. Les Quatre Nobles Vérités nous enseignent comment y
parvenir par le biais d’une forme d’enquête, d’une étude introspective
– il s’agit de contempler nos réactions. Pourquoi est-ce ainsi ? Quelle
est la cause de ceci? Il est utile de chercher à comprendre, par
exemple, la raison pour laquelle les moines se rasent le crâne, ou à
découvrir la signification des différentes apparences des effigies du
Bouddha. Nous pratiquons la contemplation… Notre esprit ne cherche pas
à prendre parti, à décider si ces choses sont bonnes ou mauvaises,
utiles ou inutiles. La contemplation est plutôt une forme d’ouverture
mentale qui nous permet de considérer, de nous interroger : « Qu’est-ce
que cela signifie ? Pourquoi choisit-on d’être moine ou nonne ?
Pourquoi ceux-ci doivent-ils recevoir leur nourriture dans un bol ?
Pourquoi donc renoncent-ils à l’argent ? Pourquoi ne peuvent-ils pas
produire leur nourriture ?… » Nous arrivons ainsi à une appréciation de
ce mode de vie qui a permis de sauvegarder cette tradition de
génération en génération, depuis le temps de son fondateur, Gotama le
Bouddha, jusqu’à nos jours.


Nous contemplons lorsque nous constatons la souffrance, lorsque nous
voyons la nature du désir, lorsque nous reconnaissons que l’attachement
à ce désir est souffrance. Nous avons alors la révélation de l’abandon
du désir et la réalisation de la non souffrance, la cessation de la
souffrance. Ce n’est que par la contemplation que l’on peut faire
l’expérience de ces révélations. Il ne s’agit pas là de croyances ni
d’opinions. On ne peut pas se forcer à croire, ou arriver à cette
connaissance par un acte purement volontaire. Ces réalisations ne sont
en fait possibles que si l’esprit est ouvert, réceptif à
l’enseignement. La croyance aveugle n’est certainement pas ce qui est
demandé, ni conseillé. Au contraire, l’esprit doit être disposé à
contempler, apprécier et considérer.


Cette attitude mentale est très importante car c’est de cette façon que
l’on peut échapper à la souffrance. Or, cela s’avère impossible pour un
esprit attaché à des positions fixes et à des préjugés, qui croit tout
savoir ou, à l’inverse, qui tient pour vrai tout ce que disent les
autres. Seul l’esprit réceptif à ces Quatre Nobles Vérités, capable de
contempler les choses – en particulier ses propres réactions – se voit
offrir une telle possibilité.


Peu d’entre nous réalisent l’absence de souffrance parce que cela
nécessite une forme de volonté hors du commun pour réfléchir et
chercher à comprendre au-delà de ce qui s’impose comme l’évidence. Il
faut posséder la motivation et le courage de vraiment observer nos
propres réactions, de contempler cette expérience mentale que constitue
l’attachement, d’examiner quelle en est la qualité, la coloration.


Vous sentez-vous heureux ou libre lorsque vous êtes ainsi attaché à un
désir ? Est-ce une expérience qui vous rend confiant ou plutôt déprimé
? C’est à vous de répondre à ces questions. Si vous arrivez à la
conclusion que l’attachement à vos désirs vous mène à plus de liberté,
dans ce cas, poursuivez cette voie. Attachez-vous systématiquement à
vos désirs et observez le résultat de cette attitude.


Par la pratique, j’ai pu me rendre compte que l’attachement aux désirs
est synonyme de souffrance, d’insatisfaction. Il n’y a pas de doute
dans mon esprit. Je vois clairement que la souffrance dont j’ai fait
l’expérience au cours de mon existence était le résultat d’attachements
à des objets matériels, à des idées, à des attitudes ou à des phobies.
Je vois combien je me suis infligé de misères inutiles par ma seule
incapacité à abandonner ces attachements, et ce pour la simple raison
que je ne connaissais pas d’autre façon de vivre. J’ai grandi aux
Etats-Unis, le pays de la liberté. Le bonheur y est une chose promise,
mais en réalité, ce qui vous est offert, c’est le droit de vous
attacher à tout ce qui se présente. Le mode de vie américain vous
encourage à essayer d’emmagasiner le bonheur en accumulant une
multitude de choses. A l’opposé, si vous faites une bonne utilisation
des Quatre Nobles Vérités, l’attachement devient alors un objet de
contemplation, une expérience qu’il s’agit de vraiment comprendre ;
ainsi, la révélation, l’appréciation du non attachement se produit.
Encore une fois, il ne s’agit pas d’une position philosophique, ni d’un
ordre donné par votre intellect vous interdisant d’être attaché, mais
simplement de la réalisation, de l’acceptation d’un état de paix, se
manifestant tout naturellement en l’absence d’attachement ; cet état
est également libre de souffrance.


LA VERITE DE L’IMPERMANENCE

Ici, à Amaravati, nous chantons le Dhammacakkappavattana Sutta dans sa
version traditionnelle. Quand le Bouddha délivra son sermon sur les
Quatre Nobles Vérités, un seul des cinq disciples présents comprit
vraiment, rien qu’un seul eut une réalisation profonde. Les quatre
autres furent impressionnés et pensèrent qu’il s’agissait là d’un
enseignement très intéressant, mais seulement l’un d’entre eux,
Kondañña, fut en mesure de comprendre exactement ce que le Bouddha leur
exposait.


Des Devas étaient également présents qui écoutaient le sermon. Les
Devas sont des créatures célestes appartenant à d’autres plans
d’existence, de beaucoup supérieur à celui des humains. Leurs corps ne
sont pas matériels et grossiers comme les nôtres, mais immatériels ;
ils sont beaux, raffinés et intelligents. Eux aussi furent enchantés
d’entendre un tel sermon, mais aucun ne fut libéré pour autant.


Les Ecritures nous disent qu’ils furent ravis lorsque le Bouddha
réalisa l’Eveil et que leurs cris d’allégresse s’élevèrent dans les
cieux quand ils entendirent l’enseignement. Ceux d’un premier niveau
céleste l’entendirent et communiquèrent leur bonheur au niveau
supérieur et, bientôt, tous les Devas exprimaient leur joie, jusqu’au
niveau le plus élevé : le royaume de Brahma. La joie résultant de la
mise en mouvement de la Roue du Dhamma résonnait dans ces multiples
dimensions de l’univers et les Devas et Brahmas se réjouissaient de la
nouvelle. Cependant, seul Kondañña, un des cinq disciples, réalisa
l’illumination en écoutant le discours. A la fin du Sutta, le Bouddha
prononça les mots « Añña Kondañña ». Añña ayant le sens de «
connaissance profonde », añña Kondañña signifie donc : Kondañña, celui
qui comprend.


Qu’est-ce que Kondañña avait donc compris ? Quelle était cette
connaissance profonde dont le Bouddha fit l’éloge à la conclusion de
son discours ? C’était que toute chose qui est apparue doit également
disparaître. Au premier abord, cela ne semble pas être une connaissance
particulièrement hors du commun, mais pourtant, cela implique en
réalité la compréhension d’une loi universelle : tout ce qui a pour
nature d’apparaître a pour nature de disparaître – en d’autres termes,
on parle de quelque chose d'impermanent et dénué de substance… Par
conséquent, ne vous y attachez pas, ne vous laissez pas duper par ce
qui survient et passe. Ne cherchez pas à prendre refuge – refuge que
vous voulez fiable et durable – dans quoi que ce soit qui a pour nature
d’apparaître… car cela est également de nature à disparaître.


Si vous voulez souffrir et gaspiller votre vie, investissez votre temps
et votre énergie à poursuivre des choses qui possèdent un début, un
commencement. Elles vous conduiront immanquablement à la fin, à la
cessation et vous ne serez pas plus sages au bout du compte. Vous
continuerez à tourner en rond, esclave des mêmes vieilles habitudes et
quand viendra le terme de votre existence, vous n’aurez rien appris de
vraiment important.


Plutôt que de vous contenter d’y penser, contemplez profondément la loi
qui suit : « Toute chose dont la nature est d’apparaître est également
de nature à disparaître. » Cherchez à comprendre comment cela peut
s’appliquer à la vie en général, à votre expérience vécue et vous
commencerez à voir. Contentez-vous de noter : commencement… fin.
Contemplez la nature des choses. C’est seulement ça, le monde des sens
: des choses qui commencent et qui cessent, qui ont un début et une
fin. La compréhension juste, samma ditthi, est possible au cours de
cette vie même. Je ne sais pas combien de temps Kondañña vécut après ce
premier enseignement du Bouddha, mais, à ce moment du discours, il
réalisa l’Eveil. A cet instant précis, il eut la compréhension
profonde.


J’aimerais mettre l’accent sur le fait qu’il est important de
développer cette façon de contempler. Plutôt que de vous contenter de
perfectionner une méthode visant à apaiser votre esprit – ce qui
représente indubitablement un aspect de la pratique – cherchez à
percevoir la méditation correcte comme un engagement à explorer, à
enquêter avec sagesse. Cela demande l’effort courageux de regarder les
choses en profondeur, sans verser dans l’auto-analyse ni établir de
jugement au niveau personnel sur les raisons de votre souffrance, mais
en vous engageant à vraiment cultiver la voie jusqu’à ce que vienne la
compréhension profonde. Cette connaissance parfaite résulte de
l’appréciation de ce schéma universel du début et de la fin. Une fois
que cette loi est comprise en profondeur, on voit que toute chose lui
est assujettie.


Tout ce qui est de nature à apparaître est de nature à disparaître : il
ne s’agit pas là d’un enseignement métaphysique. Cela n’a pas pour but
de décrire la réalité ultime – la réalité au-delà de la mort. Mais, si
vous comprenez en profondeur et êtes complètement conscient que toute
chose dotée d’un début possède une fin, alors vous réaliserez la
réalité ultime, la vérité éternelle, immortelle. Ce dont nous parlons,
donc, constitue un moyen habile pour arriver à cette réalisation
ultime. Notez bien la différence, ce n’est pas une formule
métaphysique, mais une formule qui peut vous guider jusqu’à la
réalisation métaphysique.


LE PHENOMENE DE LA MORT ET L’EXPERIENCE DE LA CESSATION

Par la contemplation des Nobles Vérités, nous prenons conscience du
cœur du problème de l’existence humaine. Nous étudions ce sens
d’aliénation et d’attachement aveugle à la conscience sensorielle
discriminative qui résulte de l’attachement à ce qui semble séparé et
isolé dans notre expérience consciente. Nous sommes attachés aux
plaisirs des sens par ignorance. Lorsque nous nous identifions à ce qui
est mortel, donc condamné à disparaître, et qui, par conséquent, ne
peut être véritablement satisfaisant, cet attachement même est
souffrance.


Les plaisirs des sens sont tous des plaisirs éphémères. Tout ce que
nous pouvons voir, entendre, toucher, goûter, penser ou ressentir a
pour nature de mourir, est condamné à disparaître. Par conséquent, si
nous nous attachons aux sens, nous nous attachons à la mort. Si nous
n’avons pas fait ce travail de contemplation et que nous n’avons pas
vraiment compris cela, nous continuons à nous attacher à ce qui est
mortel avec l’espoir de repousser l’échéance pour quelque temps. Nous
faisons semblant de croire que nous serons vraiment heureux avec les
choses auxquelles nous sommes attachés, pour faire, en fin de compte,
l’expérience de la déception, de la désillusion et du désespoir. Il se
peut que nous réussissions à devenir ce que nous avons entrepris de
devenir, mais cela aussi devra s’achever car nous nous attachons à une
autre condition vouée à la dissolution. A ce point, avec le désir de
mourir, il se peut que l’idée du suicide ou de l’annihilation semble
une solution, mais la mort elle-même est une condition qui n’est pas
au-delà de la mort. Quel que soit le désir, quelle que soit la
catégorie à laquelle il appartient, si nous nous y attachons, nous nous
attachons à la mort. Ce qui suivra, par conséquent, c’est l’expérience
de la déception et du désespoir.


La dépression est une forme d’expérience de la mort au niveau mental.
Tout comme le corps meurt d’une mort physique, l’esprit meurt aussi.
Des états mentaux, qui ne sont que des états conditionnés, meurent et
disparaissent : nous appelons ces expériences tristesse, dégoût de la
vie, angoisse ou désespoir. Lorsque l’attachement est présent, si nous
faisons l’expérience de l’ennui, du chagrin, de l’angoisse ou du
désespoir, nous avons tendance à réagir en cherchant une autre
condition éphémère qui puisse se manifester. Par exemple, si vous vous
sentez déprimé, que l’envie de manger une part de gâteau au chocolat
vous vient à l’esprit et que vous passez à l’acte, l’espace d’un
instant, vous pouvez vous oublier, vous absorber dans le goût délicieux
et sucré du chocolat. A cet instant, il y a devenir. En fait, ce que
vous êtes devenu est ce plaisir conditionné par le goût du chocolat que
vous trouvez délicieux. Mais vous ne pouvez pas maintenir, continuer
cette expérience très longtemps. Vous avalez… et que reste-t-il ? A ce
moment, il vous faut trouver autre chose. C’est ça « devenir » !


Nous sommes aveuglés, enfermés dans ce processus de devenir conditionné
par les sens. Mais, par la compréhension du désir – compréhension
dépourvue de jugement sur la beauté ou la laideur du monde sensuel –
nous sommes en mesure de le voir tel qu’il est. La compréhension est
présente. De cette façon, en mettant ces désirs de côté au lieu de nous
en saisir, nous faisons l’expérience de la cessation de la souffrance,
nirodha – c’est-à-dire de la Troisième Noble Vérité – qui doit être
réalisée au niveau individuel. Nous contemplons la cessation. Nous
prenons note – « Ceci est la cessation » – et nous savons que quelque
chose a pris fin.
Revenir en haut Aller en bas
https://sangha-mane.forumactif.org
Djé
Gardien du forum
Gardien du forum
Djé


Nombre de messages : 218
Age : 41
Date d'inscription : 30/08/2008

La troisième noble vérité Empty
MessageSujet: Re: La troisième noble vérité   La troisième noble vérité Icon_minitimeDim 31 Aoû - 18:58

PERMETTRE AUX CHOSES DE SE MANIFESTER

Avant de pouvoir vraiment lâcher prise et mettre les choses de côté, il
faut en prendre pleinement conscience. La méditation est un moyen de
permettre au subconscient de se manifester consciemment. Toutes les
déceptions, les peurs et les angoisses, tous les désirs inavoués et les
ressentiments ont la possibilité de devenir conscients. Beaucoup de
gens aspirent à un idéal très élevé et, par conséquent, sont parfois
très déçus de leur incapacité d’être à la hauteur – de ne pas se mettre
en colère, par exemple – tout ce que l’on devrait ou bien ne devrait
pas être. Dans ces conditions, nous pouvons aisément créer le désir –
et nous y attacher – de nous débarrasser de ces choses négatives qui ne
correspondent pas à notre idéal. Ce type de désir peut sembler juste au
niveau moral. Vouloir se débarrasser de pensées cruelles, de
ressentiments et de jalousie paraît bon, puisqu’une personne
respectable ne devrait pas les ressentir. C’est ainsi que l’on crée un
complexe de culpabilité.


Si nous contemplons cela, nous prenons pleinement conscience du désir
d'être à la hauteur de cet idéal et de nous débarrasser de ces
tendances négatives. Nous pouvons ainsi lâcher prise : plutôt que de
travailler à devenir cet individu parfait, nous laissons de côté ce
désir. Ne reste qu’un esprit clair et serein. Il n’est pas nécessaire
de devenir cet individu parfait, ce genre d’idéal n’étant qu’une
création mentale apparaissant, puis disparaissant ; l’esprit originel
reste le même.


L’idée de cessation est facile à comprendre au niveau intellectuel,
mais réaliser l’expérience que constitue la cessation peut s’avérer
très difficile, car cela nécessite de bien vouloir cohabiter avec ce
que l’on pense ne pas pouvoir supporter. Par exemple, quand j’ai
commencé à pratiquer la méditation, je m’attendais à ce que cela me
rende plus gentil, plus heureux et me conduise à faire l’expérience
d’états méditatifs très agréables. Mais, jamais auparavant, je n’avais
connu autant de haine et de colère qu’au cours de ces deux premiers
mois. Je me disais : « C’est affreux, la méditation m’a rendu pire
qu’avant ! ». Mais je réussis à contempler pourquoi tant de colère et
d’aversion remontaient à la surface. J’ai réalisé qu’en grande partie,
ma vie consistait précisément à fuir tout cela. Lorsque j’étais un
laïc, la lecture était une obsession. Où que j’aille, j’avais besoin
d’avoir des livres en ma possession. Lorsque la peur ou la colère
commençaient à se manifester, je prenais refuge dans un bouquin… ou
alors, j’allumais une cigarette… ou bien encore je mangeais quelque
chose, convaincu d’être quelqu’un de gentil, incapable de haïr les
autres. Le moindre signe d’aversion ou de haine était réprimé.


C’est la raison pour laquelle, durant les premiers mois de ma vie
monastique, j’avais désespérément besoin de trouver différentes
activités. Je cherchais les moyens de me distraire parce que la
pratique de la méditation ramenait à ma mémoire toutes sortes de choses
que j’avais essayé d’oublier. Des souvenirs d’enfance, mais aussi de
mon adolescence, refaisaient surface continuellement, accompagnés d’un
sentiment de colère et de haine si fort qu’il devint presque
intolérable. Mais je commençais à voir qu’il me faudrait supporter ces
émotions : j’ai donc fait preuve de patience. C’est ainsi que toute la
haine et la colère que j’avais réprimée en trente ans d’existence fit
irruption, pour ainsi dire, et put se consumer et s’éteindre grâce à la
méditation. C’était un processus de purification.


Pour permettre à ce processus de cessation de prendre place, nous
devons être prêts à souffrir. C’est pourquoi j’insiste sur l’importance
de la patience. Nous devons faire de la souffrance une expérience
pleinement consciente car c’est seulement en l’accueillant que la
souffrance peut prendre fin. Quand nous prenons conscience que nous
souffrons physiquement ou mentalement, il convient alors de faire face
à cette douleur qui est présente. Nous l’acceptons complètement,
l’accueillons et la prenons comme objet de contemplation en lui
permettant d’être ce qu’elle est. Cela demande d’être patient et de
surmonter le désagrément d’une condition quelle qu’elle soit. Au lieu
de nous enfuir, nous devons endurer l’ennui, le désespoir, le doute et
la peur pour être à même de voir et de comprendre que ces conditions
prennent fin.


Tant que nous ne permettons pas aux choses de cesser, nous continuons à
créer du nouveau kamma qui ne fait que renforcer nos habitudes. Quand
quelque chose se manifeste, nous nous en saisissons et nous l’utilisons
pour fabriquer toutes sortes de créations mentales. Tout devient plus
compliqué ainsi. De cette manière, ces réactions sont répétées
continuellement au cours de nos vies. Tourner en rond à la poursuite de
nos désirs dans l’espoir d’éviter nos peurs ne peut pas nous conduire à
la paix. Nous contemplons la peur et le désir pour qu’ils cessent de
nous duper : il est nécessaire de comprendre ces forces qui nous
mystifient pour qu’elles arrêtent de nous tromper et soient ainsi
autorisées à cesser. Le désir et la peur nous révèlent leurs qualités
fondamentales : ils sont impermanents, insatisfaisants et impersonnels.
Ils sont vus et compris pour ce qu’ils sont, c’est ainsi que la
souffrance prend fin.


Il est vraiment très important de comprendre la différence entre
cessation et annihilation – le désir qui peut se manifester de se
débarrasser des choses. La cessation est la fin naturelle de toute
condition qui est apparue. C’est autre chose que le désir ! Ça n’est
pas une création mentale, mais l’achèvement de ce qui a commencé, la
mort de ce qui est né. Par conséquent, la cessation n’a rien de
personnel, elle n’est pas le résultat de la volonté de se débarrasser
de choses, mais se produit lorsque l’on permet à ce qui est apparu de
disparaître. Pour ce faire, on doit abandonner la convoitise. Ça ne
veut pas dire rejeter ou refouler : abandonner possède plutôt ici le
sens de lâcher prise, laisser de côté.


Lorsque la fin s’est produite, ce qui vient ensuite est l’expérience de
nirodha : la cessation, la vacuité, l’absence d’attachement. Nirodha
est un autre terme pour évoquer la réalisation de Nibbana. Lorsque vous
avez permis à quelque chose de partir et de cesser, il ne reste que la
paix, la sérénité.


Vous pouvez faire l’expérience de cette tranquillité lorsque vous
pratiquez la méditation. Quand vous avez laissé un désir se résorber,
disparaître de votre conscience, une paix profonde s’ensuit. Il s’agit
de la sérénité véritable, située au-delà de la mort. Quand vous
réalisez clairement cette expérience, quand vous comprenez vraiment de
quoi il s’agit en l’ayant vécu, vous réalisez Nirodha Sacca, la Vérité
de la Cessation : un espace dans lequel il n’y a pas d'ego, mais où
règnent vigilance et clarté. La véritable signification du bonheur
suprême, de la béatitude est cette paix de la conscience transcendant
totalement la souffrance et l’angoisse.


Si nous ne laissons pas survenir la cessation, nous avons tendance à
opérer sur la base de suppositions que nous faisons sans même en avoir
conscience. Parfois, ce n’est que lorsque nous commençons à méditer que
nous nous rendons compte combien tant de peur et de manque de confiance
remontent à des expériences de l’enfance. Je me souviens que, lorsque
j’étais un petit garçon, j’avais un très bon ami qui se désintéressa de
moi et me rejeta. A la suite de cet événement, je fus vraiment déprimé
pendant des mois. Cela laissa une impression très profonde dans ma
mémoire. Je compris par la suite, à travers la méditation, que cet
incident apparemment minime avait profondément conditionné ma relation
aux autres – j’ai toujours ressenti une grande peur d’être rejeté. Je
ne m’en étais pas rendu compte, jusqu’à ce que ce souvenir précis se
mette à revenir continuellement au cours de la méditation. L’esprit
rationnel nous dit que c’est ridicule de passer notre temps à analyser
les tragédies de notre enfance. Mais, si celles-ci ne cessent de
visiter notre conscience, il est possible que ce soit parce qu’elles
essayent de nous dire quelque chose sur les suppositions et les
conditionnements qui ont été mis en place lorsque nous étions enfant.
Revenir en haut Aller en bas
https://sangha-mane.forumactif.org
Djé
Gardien du forum
Gardien du forum
Djé


Nombre de messages : 218
Age : 41
Date d'inscription : 30/08/2008

La troisième noble vérité Empty
MessageSujet: Re: La troisième noble vérité   La troisième noble vérité Icon_minitimeDim 31 Aoû - 18:59

Si vous faites l’expérience, pendant votre méditation, de souvenirs ou
de peurs obsessionnelles, au lieu de vous sentir frustré et contrarié,
apprenez à les voir comme des choses qu'il convient d'accepter en votre
conscience, de façon à pouvoir les laisser de côté. Vous avez la
possibilité d’organiser votre quotidien afin d’éviter de voir ces
choses ; ainsi, les conditions nécessaires à leur apparition sont
réduites. Vous pouvez vous engager pour de grandes causes ou dans
d’importantes activités ; dans ce cas, ces anxiétés et phobies non
identifiées ne deviennent jamais conscientes – mais que se passe-t-il
lorsque vous lâchez prise ? Le désir ou l’obsession sont mouvants et
ils se déplacent vers la cessation : ils prennent fin. Par cette
expérience, vous avez la révélation qu’il y a la cessation du désir.
Ceci constitue le troisième aspect de la Troisième Noble Vérité: la
cessation a été réalisée.


REALISATION

Ceci doit être réalisé. Le Bouddha était catégorique. C’est une vérité
à réaliser, ici et maintenant. Il n’est pas nécessaire d’attendre la
mort pour nous rendre compte que c’est tout à fait ainsi. Au contraire,
cet enseignement s’adresse aux vivants, aux êtres humains que nous
sommes. Chacun d’entre nous doit réaliser cette vérité. Je peux vous en
parler et vous encourager à pratiquer, mais je ne peux pas vous obliger
à la réaliser !


Ne vous dites pas qu’il s’agit là de quelque chose d’inaccessible, bien
au-delà de vos capacités. Lorsque nous parlons du Dhamma, de la Vérité,
nous faisons référence à quelque chose que nous pouvons voir par
nous-mêmes, ici et maintenant. Nous sommes en mesure de nous tourner
dans cette direction, de nous incliner dans le sens de la vérité. Nous
sommes capables de prendre conscience de la réalité présente, à cet
endroit précis, maintenant. C’est ça, pratiquer la pleine conscience :
être éveillé, alerte et porter notre attention sur ce qui se produit. A
travers la pleine conscience, nous observons le sentiment d’être une
personne unique et différente des autres, nous étudions la façon dont
se manifeste l’ego qui s’identifie au monde – moi et ce qui
m’appartient : mon corps, mes sentiments, mes souvenirs, mes pensées,
mes vues et mes opinions, ma maison, ma voiture et ainsi de suite…


J’avais une forte tendance à l’autocritique. Ainsi, lorsque la pensée «
Je suis Sumedho » me venait à l’esprit, d’autres pensées de caractère
méprisant suivaient, du genre « Je ne suis pas à la hauteur » – mais
dites-moi, d’où viennent ces pensées et où disparaissent-elles ?… Ou,
au contraire : « J’en sais beaucoup plus que vous, je suis bien plus
accompli. J’ai vécu la vie de moine pendant bien des années, je suis
sûr d’être meilleur que vous ! ». D’où cela vient-il et où cela se
termine-t-il ?


Quand l’arrogance, la satisfaction ou le dénigrement sont présents,
quoi que ce soit, faites-en l’examen, écoutez cette voix intérieure : «
Je suis… ». Soyez conscient et attentif à l’espace qui précède la
pensée ; puis, à la pensée elle même et prenez ensuite conscience de
l’espace qui suit. Maintenez votre attention sur cet espace, ce vide à
la fin. Combien de temps pouvez-vous garder votre attention sur cet
espace, cette absence d’activité ? Vous pourrez peut-être entendre une
sorte de vibration sonore intérieure, le son du silence, le son
primordial. Quand vous concentrez votre attention sur cet objet, vous
pouvez vous demander si le sentiment « Je suis » est présent. Vous vous
apercevrez alors que, lorsque vous êtes vraiment vide, quand il n’y a
que clarté, vigilance et attention, il n’y a pas d'ego. Il n'existe pas
de sentiment de « Moi » et de « Mon ». Ma pratique est de prendre
refuge dans cet état spacieux et de contempler le Dhamma : ceci est
juste ce qui est. Le corps n’est ni plus ni moins que cette expérience.
Je peux lui attribuer un nom ou pas, mais, pour le moment, c’est
simplement ça. « Ça » n’est pas Sumedho.


Il n’y a pas de moine bouddhiste dans cet espace. « Moine bouddhiste »
est simplement une convention appropriée aux lieu et heure. Quand les
gens font votre éloge et disent que vous êtes extraordinaire, vous
pouvez en prendre connaissance en évitant d'en faire une question
personnelle ; il s’agit simplement de quelqu’un offrant son
appréciation. Vous n’oubliez pas qu’en fait il n’y a pas de moine
bouddhiste ici, mais seulement cette expérience immédiate. C’est
simplement comme ça. Si je désire qu’Amaravati, le monastère où je vis,
soit une réussite et que ça semble être le cas, je suis satisfait.
Mais, si c’est un échec, si personne ne s’y intéresse, alors nous ne
pouvons pas payer les factures et tout se casse la figure – c’est la
catastrophe ! Mais, en fait, Amaravati n’est qu’une illusion. L’idée
d’une personne à laquelle on se réfère en tant que moine bouddhiste ou
celle d’un monastère appelé Amaravati ne sont que des conventions, pas
une réalité suprême. A cet instant précis, les choses sont seulement
comme ça, simplement telles qu’elles doivent être. Ainsi, on ne porte
pas le poids d’un tel endroit sur les épaules, parce qu’on le voit
clairement tel qu’il est et qu’il n’y a personne d'impliqué en réalité.
De la même façon, que cela réussisse ou échoue n’a plus d’importance.


Dans la vacuité, les choses sont simplement ce qu’elles sont. Quand
nous sommes ainsi conscients, nous ne sommes pas pour autant
indifférents au succès ou à l’échec et résolus à ne plus rien faire.
Nous pouvons décider de passer à l’action. Nous sommes tout à fait
capable de juger de ce que nous pouvons accomplir : nous comprenons ce
qui doit être effectué et pouvons l’exécuter correctement. Alors, toute
chose fait partie du Dhamma, la réalité immédiate. Nous agissons tel
que nous le faisons car nous comprenons que c’est ce qu’il convient de
faire, ici et à maintenant, plutôt que de suivre des ambitions
personnelles ou une peur de l’échec.


La voie qui mène à la cessation de la souffrance est celle de la
perfection. Le mot « perfection » est plutôt intimidant parce que nous
nous trouvons très imparfaits. En tant que personnalité, nous nous
demandons comment nous pouvons ne serait-ce qu’oser considérer la
possibilité d’être parfaits. La perfection humaine est un sujet dont
personne ne parle jamais ; cela semble complètement impossible de
concevoir la perfection chez un être humain. Pourtant, un Arahant est
simplement un être humain qui a perfectionné son existence, quelqu’un
qui a appris tout ce qu’il y a à apprendre en appliquant cette loi
fondamentale : « Tout ce qui est sujet à l’apparition est sujet à la
cessation. » Un Arahant n’a pas besoin de tout savoir sur tout ; il lui
suffit de connaître et de comprendre parfaitement cette loi.


Nous utilisons notre potentiel de sagesse – « La sagesse du Bouddha » –
pour contempler le Dhamma, les choses telles qu’elles sont. Nous
prenons refuge dans la Sangha, c’est-à-dire ceux qui font le bien et
refusent de faire le mal. La Sangha est une entité, une communauté. Il
ne s’agit pas d’un conglomérat de personnalités ou de caractères
différents. Le sens d’être un individu particulier, d’être un homme ou
une femme, n’a pas d’importance. Cette Sangha est vue comme un Refuge.
Bien que les manifestations soient toutes différentes, il existe une
unité qui rend notre réalisation identique. En étant éveillés,
vigilants et libérés de nos attachements, nous réalisons la cessation
et demeurons dans la vacuité où nous fusionnons tous. Il n’existe pas,
là, de personne. Les gens peuvent apparaître et disparaître dans cet
espace, mais il n’y a pas de personne. Il n’y a que clarté, conscience,
paix et pureté.


Ajahn Sumedho, tradition Therevada

source: http://dhammasukha.free.fr/
Revenir en haut Aller en bas
https://sangha-mane.forumactif.org
Contenu sponsorisé





La troisième noble vérité Empty
MessageSujet: Re: La troisième noble vérité   La troisième noble vérité Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
La troisième noble vérité
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Sangha-Mane :: La pratique de Bouddhisme :: Les bases indispensables du Dharma :: les Quatres Nobles Vérités-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser