Djé Gardien du forum
Nombre de messages : 218 Age : 41 Date d'inscription : 30/08/2008
| Sujet: Réflexion sur Dukkha Dim 31 Aoû - 19:14 | |
| Bonjour, - Citation :
SOUFFRANCE ET IMAGE DE SOI
Ajahn sumedo
Il est important de contempler la façon dont est formulée la Première Noble Vérité. Celle-ci est exprimée très clairement par « Il y a la souffrance » plutôt que par « Je souffre ». Du point de vue psychologique, cette réflexion est beaucoup plus habile. Nous avons tendance à interpréter notre souffrance en termes de « Je souffre vraiment, je souffre beaucoup et je ne veux pas souffrir ». C’est ainsi que notre intellect est conditionné. « Je souffre » a toujours le sens de « Je suis quelqu’un qui souffre énormément. Cette souffrance est la mienne, j’ai tant souffert dans la vie ! ». De ce fait, tout un processus d’association se met en route, entre l'image que vous avez de vous-même et les souvenirs et suppositions qui confirment cette perception. Vous vous souvenez de ce qui s’est produit alors que vous n’étiez qu’un enfant… et ainsi de suite… Mais, remarquez bien, notre propos n’est pas de dire qu’il y a quelqu’un qui souffre. Dès que nous la voyons en termes de « Il y a souffrance », la douleur n’est plus perçue comme quelque chose de personnel. C’est tout à fait différent de « Oh, pauvre de moi, pourquoi dois-je autant souffrir ? Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? Pourquoi suis-je obligé de vieillir ? Pourquoi est-ce que je dois faire l’expérience du chagrin, de la douleur, de la peine et du désespoir ? Ce n’est pas juste ! Je ne veux pas ! Je ne désire que bonheur et sécurité ! » Cette façon de penser a pour origine l’ignorance qui complique tout et dégénère en problèmes de personnalité. Pour permettre à la souffrance de disparaître, il faut d’abord en admettre consciemment la présence. Mais, dans la méditation bouddhiste, cette acceptation n’est pas faite depuis une position telle que « Je souffre », mais plutôt à partir de celle de « Il y a présence de souffrance ». Ainsi, nous ne sommes pas en train d’essayer de nous identifier au problème, mais de simplement reconnaître son existence. Il n’est pas habile de penser en termes de « Je suis quelqu’un d’irritable ; je me mets si facilement en colère ; comment puis-je y remédier ? ». Ce type de pensée déclenche toutes les suppositions renforçant l'idée d'une personnalité fixe, qui ne peut être changée et il devient très difficile de voir les choses en perspective. Tout devient très confus, car le sentiment que ces problèmes et ces pensées sont les nôtres nous conduit facilement à vouloir nous en débarrasser ou à porter des jugements critiques sur nous-mêmes. Nous avons tendance à nous attacher et à nous identifier plutôt que d’observer, d’être témoin et de comprendre les choses telles qu’elles sont. Par contre, si nous admettons simplement la présence d’un sentiment de confusion, de convoitise ou de colère, notre attitude constitue une réflexion honnête sur la nature des choses, réflexion qui n’est pas basée – ou du moins pas aussi fortement – sur toutes sortes de suppositions sous-jacentes. Essayez de ne pas considérer ces phénomènes comme des fautes personnelles. Observez plutôt leur nature conditionnée, impersonnelle, éphémère et incapable de donner satisfaction. Continuez à les regarder tels qu’ils sont, sans interférer. Nous avons tendance à interpréter la vie en nous plaçant du point de vue que « Ce sont mes problèmes » et à considérer que nous faisons preuve d’honnêteté et d’intégrité en réagissant de la sorte. Ainsi, notre vie ne fait que confirmer ces interprétations, puisque nous continuons à fonctionner sur la base de cette hypothèse erronée. Mais cette façon d’interpréter la vie est elle-même éphémère, insatisfaisante et vide de substance. « Il y a souffrance » est la constatation très claire et précise qu’existe à cet instant un certain sentiment d’insatisfaction. Cela peut aller d’une légère irritation à l’angoisse ou au désespoir le plus profond : dukkha ne veut pas nécessairement dire « souffrance considérable ». Il n’est pas nécessaire d’être brutalisé, d’avoir été interné à Auschwitz ou à Belsen pour reconnaître l’existence de la souffrance. Même la reine Elizabeth est en mesure de dire que la souffrance existe. Je suis sûr qu’il lui arrive de connaître aussi l’angoisse et le désespoir, ou du moins d’être irritée. Le monde sensoriel est une expérience sensible. En d’autres termes, nous sommes constamment sujets au plaisir et à la douleur, à la dualité du samsara. Ceci est la conséquence du fait que nous possédons une forme très vulnérable et de ressentir tout ce qui entre en contact avec notre corps et ses sens. C’est ainsi. C’est le résultat d’être né. Cordialement. | |
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