L' étude et la pratique du dharma
"La pratique juste du dharma peut être accomplie à chaque instant, dans
n’importe quelle situation, que nous marchions, que nous mangions ou
travaillons, quoi que nous fassions. Toutes les activités de la vie
quotidienne sont des situations en lesquelles il est possible
d’abandonner ce qui est négatif, de cultiver ce qui est positif, et de
se consacrer ainsi au dharma. De plus, à chaque instant, nous pouvons
utiliser notre corps, notre parole et notre esprit pour quelque chose
de positif.
Ayant présents à l’esprit la précieuse existence humaine,
l’impermanence, les défauts du samsara et la causalité du karma, nous
pouvons nous simplifier la vie, renonçant à des activités extérieures
pour nous consacrer profondément à la pratique. Il est même important,
pour nous qui avons de multiples activités, qui allons et venons de par
le monde, de pouvoir faire une pause, de nous accorder un moment de
répit consacré à la pratique spirituelle.
Ceux qui résident dans un centre du dharma sont dans une situation
privilégiée, particulièrement favorable, puisqu’ils sont à proximité du
dharma et d’un lama dont ils peuvent recevoir régulièrement
l’enseignement. La vie dans un centre du dharma est organisée de telle
sorte que toutes les activités soient tournées vers la pratique. Dans
cette situation, les agitations du monde et de la vie habituelle sont
moindres ou inexistantes. C’est un environnement très favorable à
l’étude et à la pratique du dharma.
Pour la plupart des gens il n’est pas possible de vivre dans un
centre du dharma, mais vous avez tous des congés et, toutes les
semaines, il y a un week-end. Si vous utilisez ces périodes de temps
libre pour pratiquer plus intensément que vous ne le faites durant la
semaine, ce sera excellent. Vous pouvez, à ces moments-là, aller
écouter les enseignements dans un centre du dharma, y pratiquer la
méditation, faire retraite, poser vos questions et dissiper vos doutes.
C’est justement leur raison d’être.
Être en retraite, c’est pendant un certain temps—quelques jours de
vacances par exemple, ou le laps de temps dont on dispose—se mettre à
l’écart de toutes les formes de distractions et d’agitations
extérieures. Dans cette situation de retrait, isolé des distractions,
l’esprit peut se tourner entièrement vers la pratique et y consacrer
toute son énergie, n’ayant plus d’autre activité.
D’une façon générale, être ainsi en retraite, dans l’isolement et
le silence, offre les conditions les meilleures pour pratiquer la
méditation, et c’est un cadre particulièrement utile à l’apprentissage
de shamatha-vipashyana [shiné-laktong].
Une retraite a pour but de favoriser l’absence de distraction, mais
pour la pratique, l’essentiel dépend encore de soi, de son attitude
intérieure ; entrer en retraite sans une motivation juste empêche de
profiter véritablement des bienfaits de cette situation. Dans la
retraite elle-même, sans énergie ni discipline, rien n’est accompli,
pas plus qu’à l’extérieur, d’ailleurs. Sans motivation juste ni
énergie, quand bien même irions-nous dans l’endroit le plus isolé au
sommet d’une montagne vivre comme un animal sauvage, cela ne
développerait que notre orgueil.
Par contre, avec la motivation et la détermination justes, une
retraite est la situation idéale pour pratiquer la méditation et
progresser rapidement.»
Kalou Rimpotché [La voie du Bouddha selon la tradition tibétaine, Seuil, Points sagesses, 1993]