Méditation sur l'impermanence
Voyons d'abord la méditation sur l'impermanence, remède à l'attachement aux expériences de cette vie.
D'une manière générale, tout ce qui est composé est impermanent, ainsi que le déclare le Bouddha :
O moines, tous les composés sont impermanents.
Qu'entend-on par là ? Que ce qui est accumulé finit par se disperser,
ce qui est construit par s'écrouler, ce qui est joint par se désunir et
ce qui est né par mourir. Citons les Chapitres dits intentionnellement
:
Tout ce qu'on accumule à la fin se disperse, Et ce qu'on bâtit
finit par s'effondrer, Ce qui est assemblé pour finir se sépare, Et ce
qui est vivant disparaît dans la mort.
Pour méditer sur l'impermanence, nous considérerons :
1. Les différents aspects de l'impermanence
2. Comment méditer sur l'impermanence
3. Les bienfaits de la méditation sur l'impermanence
1. LES DIFFÉRENTS ASPECTS DE L'IMPERMANENCE
Nous observerons l'impermanence sous deux aspects : l'impermanence
de l'univers et celle des êtres qu'il contient. Dans l'impermanence de
l'univers, nous distinguerons l'impermanence grossière et
l'impermanence subtile. Dans l'impermanence des êtres, nous
envisagerons l'impermanence d'autrui et la
nôtre.
2. COMMENT MÉDITER SUR L'IMPERMANENCE
Nous méditerons sur l'impermanence en considérant d'abord l'impermanence de l'univers et ensuite celle des êtres qu'il contient.
L'impermanence de l'univers L'impermanence grossière
Depuis le mandala du vent, à la base, jusqu'en dessous des dieux de
la Quatrième Concentration, en haut, il n'existe absolument rien de
consistant ou d'immuable. Parfois, les mondes qui se trouvent
au-dessous des dieux de la Première Concentration sont consumés par le
feu ; parfois ceux qui se trouvent au-dessous des dieux de la Deuxième
Concentration sont emportés par l'eau ; et parfois, tout ce qui se
trouve en dessous des dieux de la Troisième Concentration est détruit
par le vent.
La destruction par le feu ne laisse même pas de cendres, comme
lorsqu'on brûle du beurre. Les ravages de l'eau ne laissent aucun
résidu, comme s'ils avaient dissous du sel. Après le passage du vent,
il ne subsiste rien, comme lorsqu'une bourrasque balaie la poussière.
On lit dans l'Abhidharma :
Il y a sept destructions par le feu Contre une destruction par l'eau.
Quand auront eu lieu sept destructions par l'eau, C'est le vent qui emportera tout.
Le monde de la Quatrième Concentration n'est détruit ni par le feu,
ni par l'eau, ni par le vent. Il se détruit de lui-même quand les êtres
qu'il contient ne sont plus. L'Abhidharma dit encore :
Ils sont impermanents, car leurs palais,
Ainsi que leurs occupants, paraissent et disparaissent.
Il semble donc évident que notre monde actuel sera détruit par le
feu, ainsi que le prédit le Soutra requis par le laïc Viradatta :
Au terme d'un kalpa, notre univers,
Qui a l'espace pour nature, redeviendra espace.
Les monts Mérou eux-mêmes seront calcinés et détruits.
L'impermanence subtile
Celle-ci désigne l'impermanence des quatre saisons, des levers et
des couchers de soleil et de lune, ainsi que l'impermanence de chaque
instant.
Quand arrive le printemps, le sol s'attendrit, sa couleur vire au
rouge, et la végétation bourgeonne. Mais cela ne dure pas. Avec l'été,
la terre humide se pare de vert, arbres et plantes se couvrent de
feuilles. Mais de nouveau tout change. Avec l'automne, le sol durcit et
prend une couleur ocre ; arbres et plantes portent leurs fruits. Puis
vient l'hiver, la terre gèle et se fait blanchâtre, les plantes sèchent
et cassent. Et tout recommence...
L'impermanence et le changement nous sont encore montrés par le
lever et le coucher du soleil : lorsque le soleil paraît, le onde
s'illumine et se révèle. Puis la nuit tombe, plongeant putes choses
dans les ténèbres.
L'impermanence de chaque instant désigne le fait que, d'instant en
instant, l'univers n'est plus le même. La succession 'éléments
semblables, comme dans une chute d'eau, donne apparence de la durée.
L'impermanence des êtres qui peuplent l'univers L'impermanence des autres
Tous les êtres des trois mondes sont éphémères. L'Immense Déploiement déclare :
Les êtres des trois mondes sont éphémères comme les nuages dans le ciel.
Notre impermanence personnelle
« Moi non plus, je ne suis pas libre de rester ici à jamais : il
faudra bien que je parte. » De cela, prenons conscience en observant ce
qui nous arrive et en tirant la leçon de ce qui arrive aux autres.
Examinons-nous en méditant sur notre mort, sur ses signes
avant-coureurs, sur la fuite du temps qui nous reste à vivre et sur la
séparation.
Méditer sur sa propre mort, c'est penser : « Je ne peux pas rester
longtemps dans ce monde, il me faudra partir pour le monde suivant. »
Méditer sur les signes de sa propre mort, c'est penser : « Ma
force vitale va s'épuiser, mon souffle s'arrêter, mon corps n'être plus
qu'un cadavre et mon esprit errer en d'autres lieux. »
Méditer sur l'écoulement de sa vie, c'est penser : « Depuis
l'année dernière, un an a déjà passé ; depuis l'autre jour, un mois,
depuis hier, un jour, et ma vie s'est raccourcie d'autant, comme en un
clin d'oeil. Un instant vient juste de passer et ma vie s'est encore
réduite de cet instant. » La Marche vers l'Éveil insiste :
La vie ne cesse de décroître ;
Jour et nuit elle diminue,
Et rien jamais ne vient l'accroître.
Alors, comment ne mourrai-je pas ?