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 L'octuple sentier

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Djé
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Djé


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MessageSujet: L'octuple sentier   L'octuple sentier Icon_minitimeDim 31 Aoû - 19:30

L’Octuple Sentier.



Ce qu’on appelle l’octuple sentier est en fait la voie de Bouddha.
C’est la quintessence de son enseignement. Il a commencé à l’enseigner
après son éveil, dans le sermon de Bénarès. Il a énoncé ce qu’il
appelait la voie du milieu, à partir des quatre nobles vérités, la
quatrième étant l’octuple sentier.


Cet octuple sentier explique comment pratiquer de manière à avancer sur
le chemin de la libération et expérimenter dans cette vie-ci un état de
cessation de souffrance et de libération.


La voie que le Bouddha a enseignée tout au long de sa vie, n’a été que
des modulations de ce premier sermon, et notamment de ce qu’il appelait
l’octuple sentier. D’une manière ou d’une autre, il a repris ce thème
pendant quarante- cinq ans, et même les plus grands textes du
Mahayana n’en sont que des variations.



Alors, pourquoi l’octuple sentier ?



Parce que la voie qu’il présente comporte huit aspects, huit embranchements.

Le premier, c’est la compréhension juste. Le deuxième, c’est la
pensée juste. Ces deux premiers éléments sont généralement regroupés
sous le thème de la sagesse. Ensuite, il y a trois autre embranchements
de cet octuple sentier, qui relèvent de ce qu’on appelle l’éthique :
c’est la parole juste, l’action juste et le mode de vie juste. Enfin,
les trois derniers embranchements de l’octuple sentier concernent tout
ce qui relève de la méditation, de la concentration et de l’attention.
Ces trois aspects sont l’effort juste ou plus exactement l’énergie que
l’on met dans la pratique, l’attention juste et la méditation juste.



L’ordre n’est pas important. En effet, les huit embranchements
doivent être pratiqués simultanément et ils sont complètement
interdépendants. Ce n’est pas que nous commençons par la sagesse, la
compréhension, puis ensuite nous allons nous adonner à la pratique de
l’éthique, des préceptes, de l’action juste, et qu’enfin, nous serons
prêts pour accéder à la pratique de l’attention ou de la méditation
juste. En réalité, ces trois aspects sont considérés comme un tripode,
s’il manque un pied, cela ne peut fonctionner, la voie ne peut pas être
véritablement réalisée.


Comme ces huit embranchements sont à pratiquer simultanément, peu importe l’ordre dans lequel nous commençons.



La compréhension juste :



Ce qu’on appelle compréhension juste, c’est essentiellement la
compréhension de l’enseignement de base du Bouddha, c’est-à-dire des
quatre nobles vérités.
La première de ces nobles vérités est la conscience que la vie est
insatisfaisante pour différentes raisons. On traduit souvent “dukkha”
par « la vie est souffrance ». Mais évidemment, il ne s’agit pas
seulement d’une souffrance ordinaire. Il s’agit du fait que la vie est
impermanente, et même si elle contient du bonheur, ce bonheur est
éphémère. Par conséquent, dans l’instant même où nous pouvons ressentir
le plus grand bonheur, nous avons toujours une petite angoisse, une
inquiétude que cela ne dure pas parce que c’est conditionné par un
certain nombre de circonstances, de causes qui font que même si nous
sommes heureux, nous savons que cela ne durera pas éternellement. Ceci
est un petit peu comme le ver dans le fruit qui cause une souffrance et
nous rend conscients du caractère insatisfaisant de l’existence.


Cette première noble vérité exige que nous comprenions la cause de
cette souffrance. Il ne suffit pas de constater qu’il y a de la
souffrance, du malheur, de l’insatisfaction. Il faut en comprendre la
cause. La cause fondamentale est évidemment l’impermanence, mais
surtout notre propre réaction par rapport à l’impermanence, le fait que
nous méconnaissons la réalité telle qu’elle est, que nous refusons de
la reconnaître parce qu’elle nous déplait et que nous élaborons toutes
sortes d’illusions pour ne pas la voir, pour nous éviter de nous
confronter et de nous harmoniser avec elle.
Nous créons alors toutes sortes de désirs et d’attachements qui ne sont
pas satisfaisants parce que même si nous les obtenons, ils ne répondent
pas à notre véritable attente, à notre véritable désir fondamental qui
est un désir d’éveil spirituel, de réalisation d’un bonheur stable. Le
Bouddha a beaucoup insisté sur les causes de la souffrance. Il a
beaucoup évoqué ce qu’il appelait les trois poisons, c’est-à-dire
l’ignorance qui déclenche l’avidité et la haine. Et nous voyons dans le
monde actuel à quel point ces trois poisons fondamentaux sont causes de
troubles, aussi bien au niveau international que dans les petits
groupes ou même au sein d’une famille ou dans un couple. Ce sont donc
là les poisons qui sont la cause de la souffrance.
Pour le Bouddha, il y a une possibilité de résolution de cette
souffrance. C’est la troisième noble vérité qu’il n’a jamais
véritablement détaillée. Il a dit simplement qu’il y avait un état
possible d’éveil, de libération, qu’il appelait le nirvana,
l’extinction des causes de la souffrance, dont on peut faire une
expérience temporaire dans cette vie-ci, lors de certains états
particuliers de méditation. La visée de l’enseignement de Bouddha est
d’atteindre cet état d’extinction des causes de la souffrance, cet état
de vie en harmonie avec la réalité telle qu’elle est, qui peut seule
nous donner la paix de l’esprit et nous faire vivre véritablement d’une
manière harmonieuse, heureuse, paisible.
Et ultimement, le nirvana signifie aussi de ne pas renaître dans un
monde conditionné et limité par la naissance et la mort. Cette visée du
nirvana comme extinction finale par rapport à ce monde de souffrance
est au terme de la voie. Dans le bouddhisme Mahayana, il a même été
reporté dans un temps infiniment lointain parce que, par le vœu de
compassion, les pratiquants du bouddhisme renoncent à atteindre
rapidement ce nirvana, cette extinction et cette non-renaissance dans
le monde de souffrance, car ils font le vœu d’aider tous les êtres qui
souffrent et de renaître dans ce monde jusqu’à ce que tous les êtres
aient pu réaliser l’éveil.
Ce faisant, ils réalisent le Nirvana en cette vie, qui n’est pas séparée du Samsara.



Ce qu’un bouddhiste entend par compréhension juste, c’est comprendre la
vie, l’existence, de la même manière que l’a comprise le Bouddha,
c’est-à-dire avec ses souffrances, avec ses causes de souffrance et
avec la résolution possible de cette souffrance et comprendre aussi la
méthode, la voie pour y parvenir. C’est cela que l’on entend par
compréhension juste.
Il ne s’agit pas d’une compréhension scientifique, il ne s’agit pas de
comprendre le monde, les lois de la sociologie, il s’agit de comprendre
la voie spirituelle, de comprendre véritablement notre vie. D’ailleurs,
nous pouvons dire qu’au fond, la compréhension juste, c’est se
comprendre soi-même. Mais souvent les gens voient cette compréhension
d’une manière un peu psychologique : se comprendre soi-même, c’est
comme faire une psychanalyse ou une psychothérapie, éclairer ses
ombres, comprendre son histoire, comprendre ses particularités.
Mais cette compréhension-là demeure relative et limitée. Quand nous
parlons de compréhension juste, cela inclut la compréhension de nos
illusions, mais également la compréhension de la voie qui permet de
s’en libérer ainsi que de la vérité ultime de la vacuité.



La pensée juste :



Ensuite, il y a la pensée juste. Le terme peut paraître un peu
dogmatique, c’est-à-dire qu’il y aurait une manière de penser juste et
une manière de penser fausse. Mais en fin de compte, ce qui est compris
sous le terme de pensée juste, ce n’est pas du tout une pensée
dogmatique ou une pensée intellectuelle, c’est au contraire une pensée
qui est l’expression de l’ éveil, de la compréhension juste. C’est donc
une pensée qui va être essentiellement l’expression du cœur, de la
compassion, de la bienveillance. Ce sont les deux principaux aspects de
la pensée juste.


D’ailleurs, cet octuple sentier ne caractérise pas seulement la voie du
petit véhicule. C’est aussi la voie du bodhisattva parce que ce que
nous appelons pensée juste, c’est la pensée de compassion : c’est être
préoccupé par la question de savoir comment aider tous les êtres à
résoudre leurs souffrances, éprouver de la sympathie pour ces êtres, se
donner les moyens de pouvoir les aider, donc développer ce que nous
appelons dans le bouddhisme les moyens habiles tels que l’intuition, la
sagesse, les connaissances et l’expérience nécessaires pour pouvoir
aider les personnes en difficulté de différentes manières ; à tel point
que le bodhisattva est souvent représenté avec plusieurs bras et
chacune de ses mains tient plusieurs instruments qui, tous, ont pour
fonction d’être une aide pour les êtres qui souffrent. C’est aussi la
pensée de bienveillance, qui ne consiste pas seulement à soulager la
souffrance, mais aussi à rechercher à contribuer au bonheur des autres
et à s’en réjouir. La pensée juste, c’est aussi éviter les pensées
négatives telles que les pensées d’envie, de jalousie. C’est penser que
ce qui survient à l’autre, c’est comme si cela m’arrivait à moi,
c’est-à-dire que si l’autre est dans la souffrance, j’ai de la
sympathie pour lui et j’essaie de soulager sa souffrance. S’il a du
bonheur et de la joie, je ne vais pas être jaloux ou envieux, mais je
vais me réjouir à sa place et son bonheur devient le mien.
La pensée juste, c’est vraiment beaucoup plus une pensée qui ne crée
pas de séparation entre moi et les autres, qu’une pensée juste opposée
à une pensée fausse. Le juste dans la pensée juste, c’est la justesse
d’une pensée qui est en harmonie avec la réalité fondamentale de notre
existence, non comme séparée de celle des autres, mais au contraire de
plus en plus proche et en unité, en harmonie avec celle des autres.
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MessageSujet: Re: L'octuple sentier   L'octuple sentier Icon_minitimeDim 31 Aoû - 19:31

La parole juste :



Le troisième aspect de l’octuple sentier - nous entrons là dans l’éthique - va être la parole juste.

Par parole juste, nous n’entendons pas simplement une parole qui va
énoncer un enseignement juste du bouddhisme, les quatre nobles vérités
par exemple. Par parole juste, nous entendons surtout éviter le
mensonge, et à l’inverse, s’exprimer d’une manière vraie, authentique.
C’est aussi une parole qui va éviter de blesser, de faire souffrir.
Donc, c’est la manière de parler qui est très importante, comment nous
nous adressons aux gens.
Ce n’est pas seulement ce que nous disons, mais comment nous le disons
: éviter d’offenser, de blesser et au contraire développer une parole
d’amour, de compréhension, une parole de réconfort ; utiliser la parole
dans l’esprit de la pensée juste, c’est-à-dire comme un moyen pour
aider et non pas la parole comme un moyen pour se vanter, pour prendre
le pouvoir, pour montrer ses connaissances et encore plus pour tromper
les autres par des mensonges.


L’action juste :



Ensuite, l’action juste est l’action qui respecte les préceptes (qui ne
sont pas autre chose que l’expression de l’éveil comme le disait
Bodhidharma, finalement tous les préceptes sont contenus dans la nature
de Bouddha). Le sens de l’éveil dans la voie, c’est de s’éveiller à
notre véritable nature. Si nous nous éveillons à notre véritable
nature, les préceptes seront respectés, nous ne pourrons pas commettre
de mal et faire souffrir les autres parce que nous serons animés par un
sentiment de compassion, et les préceptes deviennent donc inutiles.
Mais avant cela, il y a souvent un long chemin à faire pour abandonner
ses conditionnements, se purifier des poisons qui nous font souvent
agir avec avidité ou avec agressivité, et donc dans ce cas- là, les
préceptes sont évidemment un bon guide pour éviter de créer de la
souffrance et de tomber dans des actions qui ne sont pas justes. Donc,
dans l’ordre de l’action, ce sont essentiellement les préceptes de ne
pas tuer, de ne pas voler, de ne pas s’intoxiquer et de ne pas avoir de
mauvaise sexualité, de ne pas créer de souffrance à travers la
manifestation de ses désirs sexuels, c’est-à-dire en les laissant
s’exprimer d’une manière égoïste, traitant l’autre comme un objet au
lieu d’être un partenaire respecté et en direction duquel le désir
sexuel va toujours de pair avec l’amour, la sympathie, la bienveillance
et pas seulement avec le désir purement pulsionnel qui fait qu’il n’y a
pas de lien entre l’action sexuelle et le sentiment.


Le mode de vie juste :



Ensuite, ce qu’on appelle le mode de vie juste, c’est d’abord l’activité professionnelle.

Comment exercer une activité professionnelle qui ne trahisse pas ce que
nous avons pu réaliser de la voie à travers notre pratique ? Alors,
cela va être d’éviter les professions qui sont cause de souffrance. Par
exemple des professions qui créeraient de la souffrance pour des
animaux, pour des êtres vivants, qui provoqueraient de la pollution,
des professions toxiques, dangereuses, le commerce des armes, de
drogues, de produits néfastes pour la santé, ne seraient pas des
professions justes.
D’ailleurs, généralement, les gens qui commencent à pratiquer, au bout
d’un certain temps, s’interrogent sur leur engagement professionnel. Et
souvent nous voyons des gens évoluer au fil des années vers un désir
d’avoir une profession qui leur permette d’exprimer d’avantage un
certain sens de la solidarité, un désir de venir en aide aux autres.
Mais quel que soit notre engagement professionnel, dans le mode de vie
juste, il y a aussi la manière de l’exercer qui en fait la justesse. En
faisant le même métier, une personne pourra en faire une forme de
pratique de la voie et transformer complètement la manière d’exercer
cette profession par rapport à quelqu’un qui n’aurait pas ce souci. Le
mode de vie juste concerne aussi toute notre vie relationnelle et
sociale, pas seulement dans la vie professionnelle.
Ensuite, viennent donc les trois aspects de l’octuple sentier qui
touchent directement à la pratique de l’attention et à la pratique de
la méditation.
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MessageSujet: Re: L'octuple sentier   L'octuple sentier Icon_minitimeDim 31 Aoû - 19:32

L’effort juste :



Ce que nous appelons l’effort juste, ce n’est pas l’effort forcené que
nous pourrions faire avec un esprit de compétition avec nous- même pour
atteindre un but. C’est plutôt l’effort constant, la pratique constante
qui ne se décourage pas, qui n’aboutit pas à une mortification.
Il donc est important qu’il y ait un équilibre dans l’effort juste car
si l’effort est fait avec la motivation d’atteindre un résultat pour
soi- même, cela va transformer la pratique en une sorte de quête de
profit qui sera l’opposé de la libération ; si notre pratique est
entachée du but d’obtenir quelque chose pour nous-même, et que pour
cela, nous faisons énormément d’efforts, nous devenons alors les
esclaves de la voie au lieu de rentrer dans une voie de libération.
L’effort juste, c’est pratiquer chaque chose comme étant la voie de la
réalisation elle-même.
Ce n’est pas un effort en vue d’autre chose, c’est mettre toute son
énergie dans le fait de pratiquer chaque chose comme étant la chose
essentielle, et non pas dans une perspective dualiste d’un effort qui
est un moyen pour atteindre autre chose.
Comme vous le savez, dans la vie sociale, il y a énormément de gens
capables de faire des efforts, parfois pour le meilleur, pour de bonnes
causes, mais aussi pour le pire. Donc l’effort seul n’est pas un signe
d’évolution sur la voie qui dépend aussi de l’orientation de l’effort.
Dans la voie, c’est essentiellement considérer chaque instant de la vie
comme l’occasion de réaliser la voie, et en même temps, dans cet
instant même, il y a la perception qu’à travers cette action, nous
sommes reliés aux autres. Dans l’effort juste, il y a donc aussi
l’effort qui consiste à pratiquer avec les autres, en tenant compte
d’eux et en s’efforçant de créer ensemble les conditions d’une pratique
qui permette d’avancer sur la voie sans que nous soyons chacun en train
de ramer sur notre petite barque. C’est notamment ce qui se passe dans
une sangha, une communauté spirituelle de gens engagés dans la même
direction de pratique de la voie.
L’effort harmonisé de tout le monde aide chacun à avancer. Ce n’est
donc pas qu’un effort pour nous- même où nous essayons d’être les
premiers à nous sauver en courant plus vite que les autres.


L’attention juste :



Pour le Bouddha, l’attention juste, c’était la source de l’éveil. Dans
un autre sûtra qui est venu peu après le sermon de Bénarès, le sûtra
qu’on appelle le sûtra de Satipatthâna, sur la pratique de l’attention,
il parle des quatre types d’attention juste, et à la fin de ce sûtra,
il dit : “Si vous pratiquez cela pendant dix ans, vous ne manquerez pas
de réaliser la voie”, et puis “si vous le pratiquez pendant un an, vous
ne manquerez pas de réaliser la voie.” Et à la fin, il dit : “Et même
si vous ne pratiquez cela qu’une semaine, vous ne manquerez pas de
réaliser la voie”, c’est-à-dire vous ne manquerez pas de réaliser
l’éveil, et il disait qu’il avait réalisé l’éveil en pratiquant cette
attention juste.



Pour toutes les pratiques de l’octuple sentier, nous pouvons dire
que chacune d’elles inclut toutes les autres. Vous allez le voir avec
l’attention juste car l’attention juste, c’est d’abord être attentif à
son corps et à sa respiration. C’est d’être parfaitement conscient et
centré sur son corps, ses différentes postures, debout, en marchant,
assis, allongé, en train de travailler ou en train de se reposer, et
d’être présent à chaque instant, n’être dit ni distrait, ni dans la
lune, mais corps et esprit complètement “Un” avec ce que nous faisons.
Le Bouddha ne tarit pas d’exemples pour dire que quand un moine
pratique l’attention juste, quand il marche, il sait qu’il marche,
quand il mange, il sait qu’il mange. En fait, il est parfaitement
conscient, attentif, présent dans ce qu’il fait, comme si c’était la
chose la plus importante à ce moment- là.


Nous pouvons à chaque instant revenir à une conscience de notre
respiration et c’est une source d’éveil, de calme, de concentration
fondamentale, d’apaisement des émotions. Alors, être attentif à sa
respiration, dans un premier temps, c’est observer comment nous
respirons.
Est-ce que ma respiration est longue ou courte, profonde ou
superficielle ? D’où est-ce que je respire, avec le haut des poumons,
avec le ventre ? Est-ce que je respire avec tout le corps ou avec
seulement une toute petite partie du corps ? Est-ce que j’expire à fond
ou est-ce que je n’expire pas à fond ? C’est cela essayer d’être très
attentif à ce qui se passe dans tous les moments de la vie quotidienne
; remarquer ce qui se passe lorsque nous sommes confrontés à une
émotion, une situation difficile, etc. Qu’est-ce qu’il advient à ce
moment- là de notre respiration ? Et si nous revenons à notre
respiration, nous nous apercevons que nous arrivons plus rapidement à
retrouver un état de calme, de sérénité qui permet de faire face aux
situations d’une manière plus appropriée.
L’attention à la respiration ne va donc pas être séparée de l’action
juste. Il ne va pas y avoir d’action juste si nous ne sommes pas
centrés dans notre respiration parce qu’à ce moment- là, nous allons
agir sous l’effet de l’impulsion, d’une émotion, d’une manière mal
contrôlée avec des gestes et des paroles désordonnées si nous sommes
dans un état d’agitation. Alors que si nous sommes attentifs à notre
respiration, concentrés sur notre respiration, bien centrés dans le
hara (centre d’énergie vitale essentiel situé dans le bas-ventre), la
réponse a beaucoup plus de chances d’être appropriée, d’être juste.
Tout cela, c’est le premier aspect de l’attention juste.
L’attention juste porte ensuite sur les sensations, qui peuvent être
agréables, désagréables ou neutres. C’est être bien conscient de ce qui
se passe en nous maintenant. Si c’est agréable, ne pas s’attacher à
l’agréable, si c’est désagréable, ne pas nécessairement rejeter le
désagréable, mais être capable de reconnaître la sensation et de la
traverser, d’aller au-delà. C’est ne pas constamment courir après
l’agréable et fuir le désagréable, mais être capable, d’avoir
complètement chaud quand il fait chaud et d’avoir complètement froid
quand il fait froid. C’est-à-dire au lieu d’être dans des réactions de
rejet par rapport à ce qui se passe, être un avec ce qui arrive, être
dans l’acceptation de ce qui est là. S’il fait chaud, il fait chaud,
s’il fait froid, il fait froid, et ne pas être de mauvaise humeur par
exemple parce que la météo n’est pas bonne. C’est reconnaître ce que
cela nous fait, qu’il y a de l’agréable et du désagréable, donc ne pas
être insensible. Néanmoins, c’est ne pas dramatiser de ce qui arrive,
et en même temps, en tenir compte. La pratique de la voie du Bouddha
n’est pas un idéal stoïcien et nous pouvons aussi nous appuyer sur nos
sensations pour nous rendre compte que si nous éprouvons quelque chose
de désagréable, il y a peut-être aussi quelque chose de réellement
toxique dans la situation et qu’il vaut mieux changer ce qui se passe.
Ce n’est pas seulement se changer soi-même.
Toute la pratique de l’octuple sentier est essentiellement axée sur le fait de se changer soi-même.

La voie spirituelle n’est pas faire la révolution et changer le monde.
Le monde est tel qu’il est, le monde de la nature nous dépasse, nous
n’allons pas totalement le maîtriser. Par contre, le monde humain qui
est le monde dans lequel nous vivons est essentiellement conditionné
par les attitudes de chacun, et donc nous y pouvons beaucoup, mais
seulement si nous commençons par nous- même, puisque nous sommes un des
éléments de la situation.
Ainsi nous sommes co-responsables de toutes les situations dans
lesquelles nous faisons partie, de part l’interdépendance. Par
conséquent, être soi- même concentré et attentif, va être un élément de
changement de la situation extérieure. Il ne s’agit pas d’être dans une
attitude purement stoïque de “je me change moi-même et je ne m’occupe
pas du monde”, mais de se dire que soi et le monde sont complètement
interdépendants et que si nous avançons un tant soi peu sur la voie,
nous faisons avancer également le monde dans lequel nous vivons.
L’attention aux sensations ne consiste donc pas seulement à les
traverser, mais également à s’interroger sur ce que ces sensations nous
disent de la situation. Elles sont aussi un signe (comme les émotions)
qui peut nous guider vers le fait qu’il y ait quelque chose à faire.
Par exemple, la compassion est toujours déclenchée au départ par une
émotion de sympathie pour l’autre. Mais cette compassion est beaucoup
plus active et n’est pas limitée à une émotion que pourrait donner la
pitié. Dans la compassion, il y a l’action, il y a la recherche d’un
moyen habile pour résoudre la souffrance.
Le troisième aspect de la pratique de l’attention juste va être la
compréhension de nos différents états d’esprit. C’est essentiellement
la compréhension de “est-ce que je suis maintenant concentré ou
dispersé, agité ou calme ? Être capable d’être très rapidement
conscient de l’émotion dans laquelle nous nous trouvons de manière à
nous demander de quoi nos émotions, comme nos sensations, sont le
signe. Parfois, la colère peut être justifiée parce qu’il y a quelque
chose d’injuste. Mais être conscient de ses émotions, c’est surtout
éviter de réagir impulsivement, car cela produit généralement de très
mauvais résultats et c’est même dangereux. A partir éventuellement
d’une émotion qui nous aura fait sentir quelque chose, nous allons
pouvoir examiner si nous voulons vraiment nous engager dans une action
ou laisser passer.
Si nous nous engageons dans une action, à ce moment là, nous devons le faire avec un esprit juste.

Enfin, le quatrième aspect de la pratique de l’attention, c’est ce que
nous appelons l’attention aux objets mentaux, c’est-à-dire en gros, à
toutes les pensées. C’est un champ extrêmement vaste. Le Bouddha y
incluait même toutes les pensées qui concernent le Dharma, c’est-à-dire
qu’il mettait dans l’attention aux objets mentaux, l’attention aux
quatre nobles vérités, ce qui signifie qu’un moine doit être
constamment attentif et se rappeler les quatre nobles vérités.
Nous voyons donc bien dans cet exemple que la pratique de l’attention,
qui est un des huit aspects de l’octuple sentier, inclut en elle- même
la totalité de la voie du Bouddha.


La méditation juste :



Le dernier aspect de cet octuple sentier, c’est la méditation, le dhyana, la pratique de la concentration.

Dans l’enseignement des quatre nobles vérités et dans l’octuple sentier, la concentration juste appelée pratique de dhyana.

C’est ce qu’on appelle la pratique des quatre étapes de dhyana.

La première étape, c’est l’étape dans laquelle nous laissons tomber
tout ce qui est de l’ordre des poisons, c’est-à-dire l’avidité, la
haine, toutes les émotions négatives qui nous traversent dans la vie
quotidienne.
Nous laissons tomber également l’agitation, la somnolence, tout ce qui
peut troubler. Subsiste dans cette première étape tout ce qui est de
l’ordre de la réflexion, de l’observation, de la compréhension, de la
pensée.
Dans la deuxième étape, nous laissons tomber tout ce qui est
cogitations, tout ce qui est de l’ordre de la conscience personnelle,
du mental qui réfléchit. Nous laissons passer les pensées comme des
nuages dans le ciel ; sans nous y attacher, nous les traversons.
En fait, les pratiques des quatre étapes de dhyana, ce sont des
traversées : première étape, on traverse tout ce qui est perturbations
mentales de la vie quotidienne ; deuxième étape, nous traversons tout
ce qui est de l’ordre de la pensée intellectuelle, de la réflexion ;
troisième étape, nous traversons ce qui est de l’ordre des émotions.
Nous arrivons souvent à un état de relative sérénité, de calme qui
déclenche une joie d’être dans la pratique, et cette joie- là, le
Bouddha disait qu’il fallait aussi la traverser, parce que si nous nous
accrochons à la joie de la pratique, alors ce sera une pratique qui va
rester limitée à cela, c’est-à-dire que nous allons être tout le temps
en train de rechercher cette joie de la pratique.
Enfin, le quatrième aspect que l’on traverse également sans s’y
arrêter, c’est le bonheur de la pratique. Le bonheur est plus stable
que la joie. La joie, c’est une émotion, donc cela va et cela vient. Le
bonheur, c’est déjà quelque chose de plus stable. Même le bonheur que
nous avons à pratiquer, nous le traversons, nous ne nous y attachons
pas car sinon, cela va de nouveau limiter notre pratique, et finalement
nous aboutissons à un état d’équanimité, c’est-à-dire de grand calme
intérieur, de sérénité, qui n’est perturbé ni par les émotions
négatives de colère, de haine, de jalousie, d’impatience, ni par la
joie ou le bonheur auxquels nous risquons de nous attacher et qui
risquent de limiter notre pratique.
En effet, la pratique de l’octuple sentier a essentiellement pour sens,
non d’arriver à un état de bonheur, mais d’arriver à un état de
complète liberté ; libre de toute émotion, de toute stagnation, de tout
attachement à quelque état que ce soit.
C’est la raison pour laquelle la pratique de dhyana est la pratique d’un esprit qui ne demeure sur rien.



Si le Bouddha s’est donné la peine d’enseigner l’octuple sentier, c’est
que tous les éléments de l’octuple sentier, et pas seulement la
méditation, avaient leur importance.



Roland Yuno Rech

source : http://zen-nice.org/enseignements/octuple-sentier.pdf
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