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 Les voeux de bodhisattva par kunzig Shamar Rinpoché

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Djé
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Djé


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MessageSujet: Les voeux de bodhisattva par kunzig Shamar Rinpoché   Les voeux de bodhisattva par kunzig Shamar Rinpoché Icon_minitimeDim 31 Aoû - 20:30

Les voeux de bodhisattva - Kunzig Shamar Rinpoché



Explications concernant l'engagement du bodhisattva données par SHAMAR RINPOCHE

à Dhagpo Kagyu Ling du 12 au 16 Août 1985





"CONSCIENCE ET CONSCIENCES

On reçoit les vœux de bodhisattva au niveau le plus profond de l'esprit, au niveau de l'alaya, «la conscience base de tout».

Il est nécessaire, tout d'abord, de comprendre le mode de
fonctionnement de l'esprit. Dans notre état de confusion, nous
percevons le monde à travers les six consciences des sens (de la vue,
de l'ouïe, de l'odorat, du goût, du toucher et la conscience mentale).
En relation avec l'expérience du monde s'élèvent les émotions qui sont
traitées par la saisie égocentrée dans «la conscience individuelle
perturbée». Les émotions déterminent les actes, ou karma, dont les
empreintes s'accumulent dans la conscience réceptacle, alaya vijnaya,
«la conscience base de tout» (kun gzhi nnam par shes pa). Cela fait en
tout huit consciences.

De «la conscience base de tout», s'élève l'identification
individuelle, la saisie égocentrée, qui est «la conscience perturbée»
liée aux émotions.

Ces émotions engendrent des actes contaminés appelés karma, qui,
par leur répétition, produisent des tendances habituelles stockées dans
«la conscience de base». Ces tendances fondamentales portées à maturité
se structurent en les six consciences des sens (visuelle, auditive,
olfactive, etc...) qui induisent le cycle des existences conditionnées.
Les six consciences sensorielles déterminent un type d'activité fondé
sur l'interprétation émotionnelle des perceptions sensorielles. Les
actes ainsi contaminés s'accumulent dans l'être comme empreintes
karmiques déposées dans la conscience réceptacle.

En bref, les six consciences sensorielles produisent les tendances
fondamentales imputées dans l'alaya, lesquelles à leur tour induisent
la formation des consciences sensorielles, d'où la notion de cycle de
l'existence conditionnée.

C'est la raison pour laquelle la graine des vœux de bodhisattva est plantée dans cette «conscience de base».

Ce qu'on appelle le monde conditionné (en tibétain : srid pa) nommé
aussi samsara (cycle), est la sphère où tout peut apparaître, se
manifester. On y distingue deux aspects ; d'une part ce qui perçoit (en
tib. : shes pa), la conscience, et d'autre part ce qui est l'objet de
perception (bem po), c'est-à-dire la matière, ce qui est physique, tout
ce qui n'est pas l'esprit. Cela se réfère au monde matériel, tangible,
mais aussi à l'individu lui-même avec son corps et ce qui le compose
(le sang, la chair, les os ainsi que les organes, cœur, œil, nez,
etc...)

Dans l'expérience conditionnée, si c'est l'esprit qui erre dans le
samsara, c'est au moyen de la matière telle qu'il l'engendre dans le
corps physique (chair, sang, os etc...). C'est donc à travers la
matière que l'esprit expérimente. Par exemple, avec l'œil il voit, mais
l'œil lui-même n'est pas l'entité qui connaît. C'est par la somme des
différentes consciences que l'expérience est connue. L'appréhension de
l'expérience en dépendance de la matière, du corps, etc... procure les
sensations, bonheur, souffrance, plaisir, déplaisir, acceptation,
rejet, etc...

L'identification à la somme des huit consciences est appelée
«confusion» et son fonctionnement «mode confus». Qu'est-ce qui est
confus ? C'est l'esprit. Cet esprit que l'on appelle aussi le penseur,
le connaisseur (Sems), quel que soit le siège où on le localise, dans
le cerveau, le cœur etc... existe aussi en dehors de toute
manifestation corporelle. Tant que le réceptacle du corps est présent,
il est le lieu de la confusion. Mais l'esprit n'est pas physique, il
est fondamentalement conscience connaissante. Lorsque cette conscience
ou faculté cognitive fondamentale est voilée, soumise à la confusion,
elle engendre les huit consciences ordinaires et s'y identifie. Libre
de la confusion, elle est sagesse-lucidité. Cette sagesse n'est pas
soumise à l'identification conceptuelle : cette dimension de l'esprit
est ce qu'on appelle Tathagatagharba (essence de Telléité = la réalité
telle qu'elle est) ou nature de Bouddha.

Ainsi, la conscience réceptacle (alaya) a deux modes de
fonctionnement, l'un est confusion, l'autre sagesse. Sa nature réelle
est sagesse.

Mais tant que «la conscience de base» ne se reconnaît pas comme
sagesse, elle fonctionne de façon confuse. Comment cette conscience
confuse s'entretient-elle et se développe-t-elle jusqu'à produire le
samsara sans fin ? Elle est troublée, illusionnée par les émotions et
l'ego qui s'y attache. Ces facteurs sont extrêmement agissants et
créent sans cesse davantage d'illusion. L'aspect de sagesse est
développé par un état d'esprit positif qui contrecarre les
perturbations émotionnelles.

Ici, nous rencontrons un problème de terminologie et de conception
à propos de l'esprit. Ce qui est désigné par sems en tibétain est
l'esprit. Mais le terme tibétain ou bouddhiste représente autre chose
que le concept «esprit » des occidentaux ; c'est du moins ce que j'ai
observé. Pour l'Occident, l'esprit est associé au cerveau, il est un
flux d'énergie qui travaille beaucoup et produit quelque chose (comme
l'énergie électrique). Ce que nous appelons esprit est plus mystérieux
; on ne peut le montrer. Ce que nous reconnaissons, c'est le penseur,
le réceptacle de toutes sortes de pensées. Si cela était du domaine
physique, toutes les pensées qui sont apparues, qui apparaissent ou qui
apparaîtront, ne pourraient être contenues dans notre cerceau car elles
sont innombrables et incessantes. Donc, ce flux d'énergie n'est pas
matériel. Sa nature est différente. Elle est appelée conscience (shes
pa).

L'esprit, c'est ce qui a la faculté de connaître ce qui est
extérieur à soi et de se connaître soi-même, en opposition à la matière
qui est dépourvue de cette faculté cognitive.

A cause de cela, il est dit que c'est l'esprit qui est soumis à
l'illusion dans le cycle des existences et que c'est l'esprit qui se
purifie, qui se libère et atteint l'état d'éveil.



Le choix des moyens

Comme on l'a vu, en prenant le contrepied des tendances négatives
qui renforcent l'illusion, on développe la reconnaissance de la
conscience connaissante primordiale de l'esprit. Pour cela, il existe
de nombreuses méthodes. L'une d'elle, s'appuyant sur un point de vue
relatif, consiste à se détourner de tout ce qui produit l'illusion en
abandonnant les émotions conflictuelles et en tarissant ainsi
l'accumulation de karma négatif. On fait cesser la production de
souffrance et on obtient un état de bonheur. Par la méditation et
l'absorption de «l'absence intrinsèque du moi individuel» et de ses
manifestations, les émotions conflictuelles, on obtient la libération,
l'affranchissement du cycle des existences.

Mais cette libération n'est pas le Parfait éveil d'un Bouddha complètement purifié et épanoui.

A ce niveau, les voiles ordinaires des émotions sont purifiés mais
il reste des impuretés subtiles. Cette obtention ou réalisation
correspond à l'état d'auditeur (shravaka) ou de bouddha par soi
(pratyekabouddha). Cette voie est celle du Moindre Véhicule (Hihayana)
dont le fruit est le Nirvana référentiel ou Quiétude.

Néanmoins, dans la mesure où cela conduit à la suppression des
émotions conflictuelles, et à la compréhension du samsara, puis à son
élimination, cette voie est dite correcte. Mais ce n'est pas la voie
directe vers la bouddhéité, car elle ne s'appuie pas sur la pratique
des dix paramitas (vertus transcendantes).

Dans cette voie personnelle où l'on pratique seulement le samadhi
du non-ego individuel, il n'est pas possible d'accomplir le bienfait
des êtres. Elle procède de la suppression d'une seule cause, celle qui
conduit aux renaissances samsariques et elle mène à la jouissance de la
paix, de la quiétude. Mais la motivation de renaître pour le bien des
autres n'étant pas cultivée, l'activité illuminée est absente et donc,
cette réalisation ne peut se manifester en les trois corps d'éveil :
les corps d'émanation et de jouissance qui expriment l'activité
bénéfique issue de l'actualisation du corps de vacuité (dharmakaya).

Je peux vous enseigner cette voie et vous pouvez atteindre l'état
d'arhat (destructeur de l'ennemi) en une seule vie. C'est bien pour
vous, car vous êtes alors délivré du samsara mais vous serez incapable
d'oeuvrer pour le bien de tous les êtres vivants. Si vous le désirez,
je peux vous l'enseigner. Que préférez-vous ? Dans cette voie là, en
une seule existence, vous pouvez atteindre l'état d'arhat et être
complètement libéré de la nécessité de renaître. Quand on emprunte la
voie du bodhisattva, on doit reprendre naissance. Une fois que l'on a
atteint la première terre des bodhisattvas, le premier bhumi, il n'y a
plus de problème. Jusque là, il est nécessaire de passer par une
succession de naissances qui sont extrêmement profitables aux autres,
mais qui demandent un certain effort, qui sont un entraînement
difficile mais tout à fait bénéfique pour les êtres.

Aussi, quelle voie choisissez-vous ? La voie du hinayana et des
arhats ? (silence)... Tous, vous voulez devenir de Parfaits Bouddhas,
n'est-ce-pas ? (rires.)

Donc, pour parvenir à cet état de Bouddha, il est nécessaire de
prendre les vœux de bodhisattva. Pour prendre les vœux, que nous
faut-il ? Il nous faut développer la volonté de pratiquer l'amour et la
compassion. Cet amour et cette compassion doivent être ancrés fermement
en nous-même, physiquement, par la méditation. C'est un préalable à
l'action du bodhisattva jusqu'à ce que l'amour et la compassion ne
soient plus artificiels. La cause initiale de l'obtention de l'éveil,
c'est la conception de l'engagement du bodhisattva. Cette cause se
développe par l'entraînement à l'amour et à la compassion jusqu'à
l'obtention de l'éveil où l'activité du bodhisattva s'élève
spontanément.

Jusque là, nous allons nous heurter à des difficultés.

D'une façon générale, lorsque l'on pratique le Dharma, lorsque l'on
s'engage dans l'accomplissement d'actes positifs, on rencontre des
obstacles, parque que notre nature est encombrée d'émotions. Parmi ces
émotions, la principale est l'orgueil qui conduit au mépris des autres
(par un processus de sur-estimation de soi : je suis le meilleur, le
plus fort etc...). La présence de l'orgueil détermine automatiquement
celle de la jalousie et de la haine ou colère. Si l'orgueil est la
cause, la colère est l'émotion dont l'activité est la plus puissante
car elle conduit à la production de toutes sortes d'actes négatifs
graves qui provoquent les renaissances inférieures.

On fait souvent une confusion et une assimilation, en Occident,
entre orgueil et fermeté mentale ; on pense qu'être dépourvu d'orgueil,
c'est être faible. L'orgueil est une hypertrophie de la saisie égoïste
et en ce sens, une faiblesse. On peut avoir une grande force de
caractère, avoir décidé de parvenir à un but, par exemple l'éveil, sans
pour autant manifester de l'orgueil.

Il faut donc dissocier l'orgueil, qui est une affirmation de sa
propre suprématie sur autrui, qui suppose de l'aveuglement, et la
fermeté mentale, qui est une qualité dépourvue de ce qui fait toute la
négativité de l'orgueil.

De la même manière, on assimile souvent, de façon abusive,
humilité et faiblesse de caractère. Ce dont nous avons besoin, c'est du
courage de la force de caractère, sans la déviation de l'orgueil.



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MessageSujet: Re: Les voeux de bodhisattva par kunzig Shamar Rinpoché   Les voeux de bodhisattva par kunzig Shamar Rinpoché Icon_minitimeDim 31 Aoû - 20:30



Stabilisation


Cette méditation sur l'amour et la compassion va de pair avec l'obtention de la stabilité mentale.

En effet, pour un débutant, il est difficile d'abandonner
instantanément l'orgueil et la colère. Jusqu'à l'obtention de cette
capacité, il est nécessaire de pratiquer la stabilisation mentale
conjointement à la méditation sur l'amour et la compassion. C'est le
propre de la méditation de Chiné.

Prenons par exemple le concept de colère: vous devez changer cette
image, cette représentation mentale. Pensez à une personne qui vous est
désagréable, que vous considérez comme votre ennemie. Si vous n'avez
pas d'ennemi, essayez de penser à une personne qui va faire monter en
vous la colère. Une fois que vous vous sentirez en colère, n'agissez
pas en fonction de cette colère, vous pourriez frapper quelqu'un, mais
considérez la colère en tant que type de pensée et voyez à quoi elle
ressemble, d'où elle vient, si elle vient de la personne ou de
vous-même. Si c'est de l'esprit, d'où apparaît-elle, comment
demeure-t-elle, où va-t-elle quand elle disparaît ? etc... Il s'agit de
prendre pour objet de sa méditation, de son examen, la colère
elle-même.

De temps à autre, vous échangez les rôles. Une fois que vous êtes
vraiment en colère contre quelqu'un, alors vous prenez sa place et vous
lui donnez la vôtre. Par exemple, je suis Shamar Rinpoché. Shamar
Rinpoché est en colère contre vous. Maintenant, vous pratiquez
l'échange et vous êtes Shamar Rinpoché. (rires) Ou bien je deviens
vous-même, l'esprit rempli de pensées, pas très clair (rires).

Faites de même pour la jalousie et l'orgueil. Ceci est la phase de
Chiné. Par l'observation de l'état de forte colère et de l'état
paisible de l'esprit, vous en viendrez à l'observation de l'essence de
l'esprit, ce qui est la Vision Supérieure (Lhaktong).

Si vous pouvez utiliser cette méthode pour toutes les émotions perturbatrices, cela vous sera extrêmement profitable.

S'il y a beaucoup de pensées dans l'esprit et que vous parveniez à
les traiter par cette méthode, cela est excellent. Cependant, lorsque
Ies émotions sont si fortes qu'on ne parvient pas à les contrôler, il
est nécessaire de stabiliser l'esprit au moyen de l'attention à la
respiration, au va-et-vient du souffle qui sera alors plus efficace.

Dans l'esprit de beaucoup, cette méditation est souvent identifiée
à des exercices respiratoires. En fait, le point important ici, n'est
pas la respiration. Il convient de veiller à ce que l'esprit demeure
posé, conscient du va-et-vient du souffle constamment, et qu'il ne soit
pas distrait. L'attention porte sur la concentration elle-même, sur la
stabilité mentale. Certains pensent que l'essentiel réside dans
l'aspect physique de la pratique mais ça n'est pas le cas. L'essentiel,
c'est l'accoutumance.

Le succès de méditations telles que Chiné et Lhaktong ne dépend
pas de la conception de ces états méditatifs mais de l'accoutumance au
processus lui-même. C'est la différence entre dgongs pa = concevoir et
sgom pa = méditer, s'entraîner, s'habituer.

La conception juste naîtra de la méditation, de l'accoutumance.

Pour cela, la méditation elle-même doit être établie sur des bases
précises. Afin d'obtenir l'état de bouddha, il est nécessaire de se
détourner radicalement du Devenir, c'est-à-dire, de toutes les formes
de bonheurs mondains associées aux différentes sphères. On pourrait,
par exemple, viser un bonheur relatif comme celui des états supérieurs
de l'existence, affranchis de la souffrance des conditions inférieures,
ou viser la paix des shravakas dans laquelle on ne peut agir pour le
bien des êtres. Cependant, la puissance et la capacité d'action pour
les autres ne réside que dans l'éveil ultime.



AMOUR ET COMPASSION

Le remède à l'attachement au bonheur du Devenir est la réflexion
sur l'impermanence et sur les «quatre idées fondamentales qui
détournent du cycle des existences». Le remède à l'attachement à la
Quiétude, c'est la méditation sur l'amour altruiste et la compassion.

Cet amour et cette compassion, il convient de les développer
jusqu'à ce qu'ils deviennent une attitude naturelle de l'esprit.
L'amour et la compassion sont les qualités qui vont accompagner toute
la progression spirituelle depuis la naissance de l'esprit d'éveil,
jusqu'à l'obtention de la bouddhéité. Cet éveil sera alors pourvu des
corps, parole, esprit et qualités du Bouddha.

Par la puissance de l'amour et de la compassion, toutes les
conditions contraires, le samsara et ses causes (les émotions
perturbatrices), vont être détruites, anéanties. Sans l'amour et la
compassion, on n'obtient pas l'énergie suffisante. Quand bien même
notre esprit demeure prisonnier du samsara, soumis à l'influence des
émotions et du karma, l'amour et la compassion permettent d'infléchir
la direction de notre devenir.

Cet amour et cette compassion ont pour objet tous les êtres, et
pas seulement les êtres qui nous entourent (les humains). Tout ce qui
possède un esprit est un être. Et là où il y a être, il y a souffrance.

Nous avons un esprit et à travers lui nous expérimentons la
souffrance, il en va de même pour tous les autres. Ici, il convient de
faire la distinction entre vie et esprit. Toute vie n'est pas forcément
dotée d'un esprit. Mais là où il y a esprit, conscience, il y a vie. Il
existe toutes sortes d'êtres, certains très petits comme les insectes.

Une erreur courante est de ne prêter de conscience qu'à des êtres
d'une certaine taille. On assimile souvent la conscience, d'abord à un
certain degré d'intelligence et ensuite, à une certaine taille. Ainsi,
des scientifiques et certains courants philosophiques dénient une
conscience semblable à la nôtre à des animalcules, à des insectes ou à
de petits animaux marins alors qu'ils en reconnaissent aux poissons
plus gros, comme les dauphins.

En fait, même les plus infimes insectes cherchent le plaisir et
craignent la souffrance. Si on approche le doigt de petits poissons,
ils vont d'abord se sauver puis, si on les apprivoise, ils
reconnaitront dans la main qui les nourrit une source de satisfaction
et approcheront quand ils nous verront, tout simplement parce qu'ils
cherchent le bien-être et fuient la souffrance.
Si la taille varie, l'esprit, lui, n'est pas proportionné à l'apparence
physique. L'intensité de la souffrance ou du bonheur dépend du karma
individuel. Le même esprit peut s'incarner dans le corps d'un être
minuscule au potentiel faible ou dans un corps d'une baleine ou d'un
roi doté d'un pouvoir supérieur à l'animal par l'esprit, non par la
taille.

La taille n'intervient pas dans la puissance de l'esprit.

Ce sont donc tous ces êtres, sans aucune exception, qui doivent
faire l'objet de notre amour et de notre compassion. Considérez tous
les êtres comme vous considérez votre père, votre mère ou celui ou
celle que vous aimez le plus. Dans les civilisations traditionnelles,
en particulier en Orient, les liens familiaux sont extrêmement forts,
le père et la mère sont les êtres auxquels on tient le plus et l'idée
qu'il puisse leur être fait du mal est insupportable. Voilà pourquoi,
lorsque nous méditons sur l' esprit de l'éveil, nous prenons cet
exemple, considérant tous les êtres comme nos parents.

En Occident, il semblerait que ce sentiment ne soit pas
unanimement partagé. Mais c'est sans importance pour la méditation.
Prenez comme support l'amour que vous éprouvez pour l'être qui vous est
le plus cher.

Bien entendu, il est au-delà de nos possibilités de considérer
chaque être individuellement et de développer pour chacun en
particulier de l'amour et de la compassion. Mais il est possible de
considérer l'ensemble des êtres comme une entité et de méditer sur le
fait que tous ces êtres quels qu'ils soient, désirent le bonheur avec
la même force que nous. C'est cette force que vous allez développer en
vous mettant à la place de ces êtres et en désirant, pour eux, ce même
bonheur.

Ne faites pas pour autant de ce souhait une fixation, un attachement mais concentrez-vous sur ce que les êtres éprouvent.

Vous devez maintenir l'esprit dans cette aspiration au bonheur de
même qu'auparavant, vous suscitiez dans l'esprit les émotions telles
que la colère, l'orgueil, la jalousie, etc... afin de pouvoir en
contempler l'essence.



AMOUR ET VACUITE

Cet amour pour tous les êtres qui, au départ, est une attitude
artificielle, fabriquée, qu'on n'éprouve pas forcément, va se
développer progressivement par l'entraînement et tôt ou tard deviendra
naturel.

Quand nous éprouvons de l'amour pour un être, ou plusieurs, cet
amour est partial parce qu'il est sélectif et qu'il procède de
l'attachement. Lorsqu'on parle d'amour spirituel, ce n'est pas l'amour
partial, exclusif, mais celui qui est fondé sur l'essence de l'esprit :
la vacuité.
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MessageSujet: Re: Les voeux de bodhisattva par kunzig Shamar Rinpoché   Les voeux de bodhisattva par kunzig Shamar Rinpoché Icon_minitimeDim 31 Aoû - 20:30

D'elle s'élève toute manifestation.

Méditant sur l'amour, son essence est vacuité, non-existence.
L'objet considéré par votre méditation sur l'amour (les êtres), est
aussi vide du point de vue ultime. Cependant, sa nature relative
existe, s'élève, sans être contradictoire avec son essence.

S'il en était autrement, l'existence d'une réalité ultime
intrinsèque se suffirait à elle-même et ne permettrait pas aux
phénomènes relatifs d'être manifestés. Si le rêve était réel, il ne
pourrait prendre place dans l'espace de l'esprit. Si l'essence de
l'esprit n'était pas semblable à un miroir vide, l'image ne pourrait
s'y refléter. Ainsi, l'essence de la confusion des êtres est vacuité.
Sans cela, comment pourrait-elle apparaître ? Elle serait exclusivement
solide, matérielle.

Bien que cette contemplation de la nature ultime de la bodhicitta
soit quelque chose qu'il faille réaliser, cela vient dans un second
temps.

Au départ, il convient de s'entraîner principalement à cultiver
l'aspect relatif de cet amour et de cette compassion, pour évoluer
ensuite vers la reconnaissance de la vacuité ou bodhicitta ultime.
Parallèlement à cette méditation, une compréhension profonde va se
développer. Si l'on médite sur l'amour au moyen de la vacuité, cet
amour va devenir supérieur. De plus, en méditant sur la nature de
l'amour, nous obtiendrons dans le même temps, la pacification stable
(Chiné) et simultanément, notre force positive va aller s'accroissant.

Par le rappel constant de l'esprit de l'éveil, nous pourrons créer un bienfait considérable pour les autres.

Par le samadhi de l'amour (absorption complète), nous allons
pénétrer le sens ultime authentique. Notre esprit sera lié à la réalité
définitive, si bien que notre conscience ne sera plus traversée par
d'autres conceptions que l'amour pour tous les êtres. Elle n'en sera
plus jamais séparée.

Par la force de notre méditation, notre amour pour les êtres sera
semblable à celui de l'oiselle pour ses petits. C'est un processus qui
se développera de lui-même, de par sa nature propre, jusqu'à embrasser
tous les êtres dans l'état d'éveil. Graduellement, le courant de notre
être deviendra capable d'être bénéfique à un plus grand nombre d'êtres.

Cela n'a rien à voir avec la télépathie ou une quelconque
intention, comme si l'on envoyait des ondes à ceux qui sont plus bas
que nous, mais cela s'élève spontanément de la force de la vertu de
l'activité positive. Le pouvoir de cette méditation est tellement fort
qu'il peut se communiquer. Cet amour s'étend, rayonne et vient à naître
dans l'esprit d'autres êtres, en particulier les petits animaux, les
oiseaux, etc...





COMPASSION

L'essence de la compassion, c'est d'abord de comprendre la
souffrance d'autrui, puis de voir que les êtres souhaitent que cette
souffrance cesse. Exactement comme lorsque nous souffrons et que nous
n'avons qu'un seul désir : que cette souffrance s'arrête.

Comme pour l'amour, il faut développer cette méditation jusqu'à ce
que la souffrance et l'insatisfaction des autres nous deviennent aussi
insupportables que les nôtres et prendre conscience de l'absence de
réalité intrinsèque de cette souffrance qui n'existe que par l'état de
confusion des êtres.

Par l'accoutumance, on parvient à percevoir l'absence de réalité
du sujet de la méditation, le moi individuel, et celle de l'objet de la
méditation, les êtres.

Bien que les êtres, depuis l'origine, soient prisonniers de la
frustration, celle-ci est illusoire et fonctionne comme un rêve. Ce que
vous devez comprendre, c'est qu'à la fois, la souffrance et celui qui
l'expérimente sont sans réalité.

La réalisation de la vacuité, c'est la connaissance suprême qui
permet de comprendre la compassion ultime. Par cela, l'amour et la
compassion deviennent des perfections transcendantes (paramitas). Sans
compréhension de la voie juste, cette méditation produit, bien sûr, des
effets bénéfiques, mais ils demeurent mondains, relatifs. Par la
compréhension de la vacuité, l'amour et la compassion deviennent la
voie supra-mondaine , totalement libératrice, beaucoup plus puissante.





EQUANIMITE ETJOIE

Lorsque nous méditons, il faut considérer les êtres de façon
complètement équanime, sans en rejeter un seul ni s'attacher à aucun.

Cet amour et cette compassion ne doivent pas, par empathie,
entraîner de souffrance, comme lorsque notre père ou notre mère souffre
et que nous en souffrons aussi.

L'amour et la compassion que nous éprouvons pour tous les êtres
n'entraînent pas de chagrin. Il n'est pas nécessaire de se mettre
soi-même en état de souffrance ou de douleur volontaire. Bien sûr, vous
êtes concerné par la souffrance des autres, et, que cela vous fasse
souffrir ou non, dépend de vous.

Vous développez simplement la compassion originelle.
Progressivement, vous allez éprouver sans raison apparente de la joie,
du bonheur et vous vous sentirez heureux. En même temps, vous
considérerez la souffrance des êtres et cela vous fera monter les
larmes aux yeux. Mais ce ne seront pas des larmes de souci, de
souffrance, ce sera à la fois, un mélange de bonheur et de tristesse
qui n'est pas douloureux.

Cela signifie que l'esprit devient naturellement plus heureux,
plus clair, plus doux qu'à l'habitude et aussi naturellement plus
respectueux des autres. Ceci est le signe manifeste de
l'accomplissement de la pratique.

Nous ne sommes plus ordinaires, nous allons devenir comme de l'or
pur, c'est-à-dire que nous allons rapidement obtenir les terres et les
chemins de l'éveil.





PARAMITAS

Par nature, nous ne sommes pas particulièrement portés à la
générosité, nous sommes tous sujets à l'attachement et nous avons
tendance à retenir ce que nous considérons comme ayant, pour nous, de
la valeur. Si nous prenons les vœux de bodhisattva et que nous
développons l'amour et la compassion, graduellement, apparaissent le
détachement et l'inclination à la pratique de la générosité. De même
pour l'éthique, dont l'essence est de ne pas nuire aux êtres.

Cette qualité n'est pas encore présente en nous mais, si nous nous
sentons de plus en plus concernés par le bonheur des autres,
naturellement, nous éviterons de leur nuire. Il en sera de même pour la
patience, la stabilité mentale et la sagesse. Habituellement, notre
esprit est confus et dépourvu de cette sagesse. La sagesse c'est non
seulement le fait de reconnaître ce qui est bénéfique, mais aussi le
fait que ce qui est bénéfique nous intéresse.

Par exemple, si l'on vous expose les enseignements profonds du
chemin de la méthode, vous ne pouvez les comprendre, cela vous semble
abscons et ennuyeux. Mais si l'on vous entretient de choses insensées
ou futiles vous êtes alors satisfait, ceci par manque de connaissance
transcendante. Non pas que celle-ci soit absente, mais elle n'est pas
perçue à l'état ordinaire. Par le développement de l'esprit, la
compréhension du sens profond prend place. Lorsque cette sagesse
devient naturelle, elle progresse rapidement et devient une qualité
intégrée comme les autres paramitas.





MEDITATION

Lorsque nous récitons : «Tout devient vacuité», c'est la bodhicitta
ultime. De la vacuité, notre esprit apparaît sous la forme d'une
syllabe-germe HRI ou HOUNG, etc... qui représente l'esprit de la
bodhicitta ultime. Puis, de la syllabe, de la lumière émane, fait
offrande aux Bouddhas et accomplit le bienfait des êtres. Ceci, c'est
ce que nous récitons, mais si vous dites cela sans avoir fermement
établi votre esprit dans l'amour et la compassion, tout ceci ne peut
être authentique.

Au contraire, si vous avez la compassion et l'esprit de l'éveil, cela sera vraiment effectif, le résultat sera manifeste.

Quand vous méditez sur Tchenrézi, avec la lettre HRI en son cœur
entourée des syllabes du mantra qui libère de toute souffrance, lorsque
la lumière émane et réalise le bienfait des êtres, c'est votre
puissance d'éveil qui œuvre pour les êtres. Sans cela, ce n'est qu'une
excitation de l'imagination qui reste stérile, cela a la même valeur
qu'un dessin animé, c'est Disneyland !

C'est la présence de l'esprit de l'éveil qui rend la méditation
vivante et réelle ; c'est pour cela qu'elle peut véritablement secourir
les autres.

Sans la motivation correcte, aucune visualisation n'aura de sens, ce ne sera qu'une plaisanterie.

Le Véhicule de Diamant est le plus rapide pour autant qu'il
s'appuie sur la bodhicitta. Sans quoi il risque de devenir le véhicule
le plus lent, voire inutile, une voie de garage."



Source: http://www.dhagpo-kagyu.org/france/enseignements/fondements/bodhicitta /vx-bod-sham.htm





Amicalement.
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