| | Bouddhisme Vajrayana | |
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Djé Gardien du forum
Nombre de messages : 218 Age : 41 Date d'inscription : 30/08/2008
| Sujet: Bouddhisme Vajrayana Dim 31 Aoû - 17:47 | |
| Bouddhisme vajrayāna
Bodhisattva Vajrasattva tenant en main le vajra et la clocheLe vajrayāna est une forme tardive de bouddhisme ésotérique dérivée du mahāyāna, nommée aussi « bouddhisme tantrique », contenant des éléments tirés de l'hindouisme et des reliquats de chamanisme bön (pour la forme tibétaine).
Son nom sanskrit est composé de yana « véhicule » et de vajra « diamant » ou « foudre » , destructeur de l’ignorance ; synonymes possibles : mantrayāna, tantrayāna, du fait qu’il fait appel aux mantras et aux tantras, ou guyayāna « véhicule ésotérique » traduit en chinois par mìzōng 密宗 et en japonais par mikkyo.
Il apparait parallèlement à l’hindouisme tantrique. Les premiers textes datent du IVe siècle. Il était déjà bien développé aux alentours du VIIe siècle au nord de l'Inde, particulièrement dans les états d'Orissa et du Bihar.
Il est surtout pratiqué de nos jours dans la région himalayenne (Tibet, Népal, Sikkim, Bouthan, confins ouest de la Chine et nord de l’Inde), en Mongolie et dans quelques régions de la Fédération de Russie (Oblasts d’Amour et de Tchita, Républiques de Touva, de Bouriatie et de Kalmoukie, Krai de Khabarovsk), ainsi qu’au Japon (Shingon et certaines formes de Tendai). Il serait la forme de bouddhisme le plus souvent choisie par les non-Asiatiques, devant le zen. Bien que nominalement séparé, le Bonpo tibétain peut en être considéré comme une forme.
Une forme de mahayana
Mantra de Tchenrézi près du PotalaLe vajrayana présente des caractéristiques communes avec le mahayana dont il est issu :
Le but de la pratique est de développer la nature de bouddha (tathagatagarbha) qui est en soi et d’atteindre l’état de bodhisattva pour sauver tous les êtres ; importance de la compassion et croyance à la possibilité de dédier ses mérites au bénéfice d’autrui. Du fait de la présence universelle de cette nature de bouddha chez les êtres sensibles, il est possible aux laïques également d'entreprendre la pratique. Possibilité d’atteindre l’éveil plus rapidement que ne le conçoit le hinayana, dans l’espace d’une vie même pour les mieux préparés. Concept du trikaya ;
Importance des soutras mahayana ;
Le bouddhisme tibétain se considère essentiellement comme une forme « améliorée » de mahayana, qui offre aux pratiquants les mieux préparés des techniques plus efficaces et plus rapides que le mahayana traditionnel. Comme lui, il fait occasionnellement appel aux pratiques et enseignements hinayana, jugés néanmoins moins subtils. Par contre, Kukai, fondateur de Shingon, pense que le vajrayana doit être considéré comme un « troisième véhicule » supérieur aux deux autres. En effet, son enseignement, monologue du dharmakaya Vairocana avec lui-même, serait dénué de toute contingence, au contraire de celui des « petit » et « grand » véhicules .
Pratiques
La particularité principale du vajrayana est le recours aux tantras ou autres méthodes de méditation yogiques comme le dzogchen (mahasandhi), surtout pratiqué par le nyingmapa et le bön, ou le chagchen (mahamudra) des courants kagyupa et Shingon.
Ces techniques sont typiquement transmises de façon ésotérique dans le cadre d’une relation étroite entre disciple et maître. Elles sont en effet considérées comme puissantes, donc dangereuses si elles sont pratiquées de manière inadéquate, et il appartient au gourou d’apprécier ce qui doit être enseigné et à quel moment. Les textes tantriques sont présentés comme relevant d’un niveau supérieur (troisième roue) aux corpus des soutras hinayana (première roue) et mahayana (deuxième roue). Ils auraient été enseignés par le Bouddha historique, mais tenus secrets.
Identification à la déité
Bouddha primordial Vairocana au centre d’un mandala taïzôkaï ShingonLa pratique tantrique la plus générale est l’identification à une déité (être éveillé), censée développer plus rapidement la « nature de bouddha » présente en chacun grâce à la perception directe de la béatitude divine libre d’attachements. Cette déité choisie comme support de méditation se nomme yidam en tibétain et ishtadevata en sanscrit. L’identification se fait par le biais de sa visualisation et de celle de son environnement, aidée de supports graphiques (yantras et mandalas), de l’accomplissement de gestes rituels (mudra) avec des accessoires symboliques, et de la récitations de mantras. Une onction (abeisheka) préalable du gourou confère au disciple le pouvoir d’entreprendre efficacement cet exercice.
Cette pratique se nomme dans le Shingon Sanmitsu, les « Trois mystères » (ou les trois [moyens] mystérieux) : celui du corps (mudras), celui de la parole (tantras) et celui de l’esprit (visualisation), qui doivent être parfaitement joints dans la méditation. La plupart des mandalas japonais appartiennent à l’une des deux catégories taïzôkaï et kongôkaï
Déités
Le vajrayana dispose d’un panthéon de « divinités » multiples : bouddhas, protecteurs ou gardiens, et bodhisattvas (dont certains patriarches du bouddhisme tibétain). Il ne faut pas entendre « divinité » au sens habituel : il ne s'agit au départ que de supports de méditation, lesquels sont cependant souvent interprétés par les laïcs comme des déités. Il s’agit de manipuler les apparences pour réaliser l’absence de nature propre du vrai soi. Les figures le plus souvent choisies sont Avalokiteshvara, Tara, Manjushri, Chakrasamvara (Heruka), Vajrayogini (Vajradakini), ainsi que les patriarches Hevajra (sakyapa) ou Vajrabhairava -Yamantaka (gelugpa). Certaines figures présentent une forme « courroucée » utile pour stimuler le pratiquant ou canaliser la colère, car on est invité à transformer les émotions et pulsions physiques négatives ou parasites en énergie positive et compassion au bénéfice des autres. Une particularité de l’iconographie vajrayana est la représentation yab-yum de certaines déités, exprimant différentes formes d’unions duelles comme celle de la compassion et de la sagesse.
Les déités principales de Shingon forment un groupe appelées les Treize Bouddhas (Jusan Butsu). Ce sont les cinq dhyani bouddhas Dainichi Nyorai (Vairocana), Shaka Nyorai (Shakyamuni), Yakushi Nyorai (Bhaisajyaguru, bouddha médecin), Amida Nyorai (Amitabha) et Ashuku Nyorai (Akshobhya), les sept bodhisattvas Monju Bosatsu (Manjusri), Fugen Bosatsu (Samantabhadra), Jizo Bosatsu (Ksitigarbha), Miroku Bosatsu (Maitreya), Kannon Bosatsu (Avalokiteshvara), Seishi Bosatsu (Mahasthamaprapta) et Kokuzo Bosatsu (Akasagarbha) et enfin Fudô Myôô, qui dans ce système est l’une des formes irritées de Dainichi Nyorai.
Techniques corporelles
Comme tous les courants tantriques, le vajrayana, loin de négliger le corps au profit du seul travail mental, fait un large usage de techniques corporelles prenant appui sur les traditions indienne et tibétaine : pranayama, chakras, kundalini etc. La médecine fait d’ailleurs partie des matières enseignées dans les monastères himalayens. C’est à ce niveau qu’interviennent les pratiques sexuelles, réservées théoriquement aux pratiquants les plus avancés, et destinées à transformer le désir ordinaire en énergie de niveau plus élevé. Face aux dérives plus fréquentes avec la popularisation du tantrisme, certains maîtres préconisent qu’elles soient abandonnées au profit des seules visualisations de yab-yum. Proprement pratiqués, les yogas tantriques sont censés accélérer l’illumination en rassemblant les énergies subtiles dans le canal principal.
Bénédiction de Trinlay Thaye Dorje, l’un des Karmapas
Initiation et onctions
L’entrée dans une pratique vajrayana requiert une cérémonie d’initiation qui est à la fois une autorisation formelle et un transfert « réel » de qualités subtiles conférant au disciple une puissance efficace. Elle se fait en principe en petit groupe, mais le Dalaï lama a effectué des initiations kalachakra pour des milliers de personnes. Il existe également des onctions propres à certaines pratiques. Les puissances du Bouddha peuvent ainsi être transmises à travers des supports : transfert du nirmanakaya par l’eau bénite contenue dans un vase, du sambhogakaya par un mantra récité sur un chapelet, du dharmakaya sous la forme du dorje ou d’un autre accessoire rituel.
Les pratiquants laïques peuvent solliciter, en plus des pouvoirs spirituels, le bien-être matériel et la santé qui leur permettent de poursuivre l’esprit libre leur pratique. Au Japon, le Shingon est particulièrement connu pour ces prières nommées kaji.
Accessoires rituels
Autel tantrique à PékinDans le vajrayana tibétain, les ornements d’autel les plus courants sont des bols d’eau, des lampes à graisse (traditionnellement du beurre de yack), des lampes en forme de lotus, de l’encens, des tormas (cônes de farine d’orge et de beurre d’origine bön). Les rituels font appel au vajra (dorje en tibétain), foudre ou diamant, qui symbolise la compassion et la méthode, au ghanta (dril bu en tib.), cloche, qui représente la sagesse, au tambour damaru, et au phurpa, dague rituelle, qui pourfend les obstacles.
Retraites
Dans le bouddhisme tibétain, les moines effectuent des retraites de trois ans (traditionnellement, trois ans et trois phases lunaires) consacrées à l’approfondissement de certaines pratiques précisées par leur maître. Ils s’y préparent par l’accomplissement de nombreux rituels tels que des prosternations.
Tulkus et émanations
Une autre spécificité du vajrayana tibétain est la croyance que certains chefs de lignages se réincarnent volontairement pour ne pas abandonner leur école. Après leur mort, leurs assistants les recherchent, parfois aidés par des indications qu’ils ont laissées à l’approche du décès. Les exemples les mieux connus sont le Dalaï lama, le Panchen lama et le Karmapa. D’autre part, il n’est pas rare que des chefs temporels ou religieux soient considérés comme l’émanation d’une déité, Avalokitesvara, Amitabha or Manjushri en général.
Histoire
Inde
Les origines exactes du tantrisme n’ont pas encore été éclaircies. Certains pensent qu’il est né dans la vallée de la Swat au Pakistan, d’autres dans le sud de l’Inde. Les premiers textes apparaissent autour du IVe siècle. L’université de Nalanda en fut un centre important jusqu’au XIe siècle. Suivant le déclin du bouddhisme, il disparut au XIIIe siècle jusqu’à l'arrivée d’exilés tibétains à Dharamsala au XXe siècle.
Chine
Sous le nom de Mizong (école ésotérique), le bouddhisme tantrique pénètre au VIIIe siècle grâce à Amoghavajra[2] (705-774), patriarche de Zhenyan[3] (parole vraie ou mantra) et traducteur. Les empereurs Suzong (r. 756–763) et Daizong (r. 763–779) lui accordent un grand crédit. Le second place suivant ses conseils l’empire sous la protection du boddhisattva Manjusri, faisant du mont Wutai un centre de diffusion tantrique. Mais son implantation sera de courte durée car l’interdiction des religions étrangères décidée en 845 par l’empereur Wuzong lui sera fatale. Néanmoins, Huiguo[4], disciple d'Amoghavajra, aura eu le temps d’initier Kukai qui implantera Zhenyan au Japon sous le nom de Shingon.
Le vajrayana reparait sous les dynasties Yuan et mandchoue, choisi officiellement par la cour, mais non imposé au reste du pays où le mahayana non tantrique continue de régner en maître, à l’exception des régions occidentales proches de l’Himalaya. Depuis les années 50, suivant l’exode des moines tibétains, il se diffuse de nouveau avec un certain succès dans le monde chinois.
Dernière édition par Djé le Dim 31 Aoû - 17:49, édité 1 fois | |
| | | Djé Gardien du forum
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| Sujet: Re: Bouddhisme Vajrayana Dim 31 Aoû - 17:48 | |
| Tibet et royaumes himalayens
On désigne par bouddhisme tibétain le bouddhisme qui s'est développé au Tibet.
Histoire
Lors du développement du bouddhisme au Tibet, les huit lignées suivantes sont apparues :
Nyingma ;
Kagyu ;
Sakya ;
Guélouk ;
Changpa ;
Chi-djé ;
Djor-drouk ;
Dordjé soum gyi nyèndroup.
Les quatre dernières lignées ainsi que leurs enseignements ont été absorbés par les quatre premières. Le bouddhisme tibétain contemporain se divise seulement en quatre grandes lignées (ou écoles).
C'est le roi Trisong Détsen qui décide, au VIIIe siècle, de faire du bouddhisme tantrique la religion du Tibet, au détriment de ses concurents le bonpo et le chan[1]. Le grand patriarche du tantrisme tibétain est le maître indien Padmasambhava, qui fonde le monastère de Samye et introduisit la pratique du Vajrayana. De cette époque date la lignée de transmission de l'école Nyingmapa : S'ensuit au IXe siècle une période de persécution et d'éradication du bouddhisme, qui s'affaiblit. La seconde diffusion aura lieu au XIe siècle avec Rinchen Zangpo, qui se rendra en Inde, puis Atisha Dipankara, un maître indien qui viendra au Tibet sur son invitation. Son disciple, Dromtönpa fondera l'école Kadampa.
Marpa Lotsava se rendra lui aussi en Inde, où il recevra l'enseignement de Naropa, avant de le transmettre à son tour à son disciple, Milarepa. Milarepa fondera l'école Kagyüpa : Drokmi Sakya Yéshé y recevra, lui, l'enseignement de Virupa, le transmettra à son disciple Khön Köntchok Gyalpo qui fondera l'école Sakyapa : Au début du XVe siècle naîtra une autre école, fondée par Djé Tsongkhapa, l'école Guélougpa
Les écoles du bouddhisme tibétain actuelles
Ces quatre lignées sont :
Lignée Nyingmapa.
Lignée Kagyüpa.
Lignée Sakyapa.
Lignée Gelugpa.
Les Gelugpa (les bonnets jaunes) sont sans doute la lignée du bouddhisme tibétain la plus connue en Occident dont les leaders sont les Dalaï Lama.
Il faut noter, dès à présent, que cette séparation ne signifie nullement qu'il s'est produit des faits assimilables à des schismes. Le bouddhisme, par nature, est une école de tolérance et les quatre lignées se respectent et coopèrent étroitement. La différence est due, par exemple, à ce que l'école sakyapa est plus axée sur l'ascétisme alors que l'école Guéloukpa est plus axée sur l'érudition.
Le développement du boudhisme tibétain
L'occupation civile et militaire du Tibet par les communistes chinois, le départ forcé en exil du Dalaï Lama, la coupure de la religion avec son terroir historique a permis une large diffusion de par le monde des principes et des enseignements du boudhisme tibétain qui jusque là restait enfermé dans ses monastères himalayiens. Un adage tibétain dit : « Ton ennemi est ton plus fort éducateur ».
L'activité du Dalaï Lama pour obtenir une reconnaissance internationale a assuré au bouhisme tibétain de disposer de relations publiques de grandes qualités, et de nombreux leaders d'opinion ont adhéré ou se sont intéressés à cette religion ancestrale.
Japon
L'école bouddhiste Shingon
Shingon signifie « parole vraie », c'est la traduction japonaise du mot sanscrit mantra qui désigne la prière mystique en Inde, cette école qui représente le bouddhisme vajrayâna japonais a été fondée au VIIIe siècle par le moine Kûkaï qui reçut le titre posthume de Kobo Daishi, le grand instructeur de la Loi.
Son idéal se résume dans la phrase « Sokushin-Jôboutsu », qui signifie « devenir bouddha dans cette vie avec ce corps ». C'est en purifiant le cœur de ses passions parasites, en cultivant modestie, simplicité, pureté, concentration qu'il devient possible d'exprimer avec naturel notre bouddhéité.
Le mental calmé, les peurs et les désirs laissés de côté, nous pouvons agir et créer avec spontanéité.
Théorie
L'enseignement du Shingon se réfère principalement à deux textes sacrés, le Kongôtchô-kyô et le Daïnitchi-kyô, écrits vers le IIe siècle au monastère de Nalanda dans le nord de l'Inde. Cette école bouddhiste du yoga des trois mystères, le « traïguya-yoga », explique qu'il est possible de devenir Bouddha dès cette vie.
Ces enseignements affirment que la nature originelle de l'esprit de l'homme est pur, c'est le cœur de compassion, la « bodhi », dont l'essence est identique à celle de l'Univers. Si nous souffrons, c'est parce que nous nous attachons à ce qui est impermanent dans ce monde de la forme et du désir, que chacun conçoit ainsi en fonction de ce qu'il est intérieurement. Les passions, regroupées sous le vocable de triple poisons (la concupiscence, la colère et l'aveuglement) correspondent à des forces vitales nécessaires à la survie et au développement de tout organisme animal. Le désir et l'aversion structurent le moi et l'obligent à se perfectionner pour mieux arriver à ses fins matérielles. Durant de nombreuses vies passées, la nécessité de s'affirmer et de défendre son territoire, malgré et contre les autres, a développé une vision dualiste du monde qui a imprégné le subconscient de tous les êtres. C'est la principale cause de l'égarement, de la perte d'une perception plus globale de la vie, l'« inscience ». C'est pourquoi dans le bouddhisme ordinaire, on conçoit que c'est par l'extinction des passions que peut être atteinte l'illumination, ce qui laisserait penser qu'il y a de bonnes et de mauvaises tendances dans l'être humain, ce qui aurait pour effet de le dualiser, de « diaboliser » sa sensualité. Il ne s'agit pas de renoncer à tous ses besoins, mais de spiritualiser sa vie, par exemple en mangeant avec un sentiment de reconnaissance vis-à-vis des êtres aux dépens desquels nous nous nourrissons. Ainsi, se nourrir devient une pratique spirituelle, parce qu'absorber de la nourriture revient à participer au processus de vie de l'univers.
Si d'un point de vue relatif, il reste exact que les passions sont source d'égarement et de souffrance ; dans le vajrayâna les passions sont considérées en vérité absolue de la même nature que l'éveil (soku bodaïshin), car c'est cette même force vitale qui anime les êtres vers des désirs mondains qui va être transformée, sublimée par alchimie interne en énergie spirituelle de compassion-sagesse, dont l'essence est la nature ultime de l'univers et de tous les êtres. Celui qui réalise que le fond de son cœur, « bodhi », est le même que celui de tous les êtres, devient un avec le tout, il dissout son moi dans l'univers comme une goutte d'eau se dissout dans l'océan.
Les symboles du monde visible pour expliquer le monde spirituel
Le Shingon utilise la nature comme symbole pour expliquer le monde spirituel invisible considérant que la vie des êtres et de la nature est l'expression du Bouddha conçu dans son aspect Dharmakaya, la force de vie de l'univers. Cependant, le shingon n'est pas un panthéisme, il ne se réduit pas au culte des forces de la nature comme dans le shintoïsme. Quand on parle par exemple des cinq éléments ou du soleil, il s'agit d'états de conscience qui sont décrits ainsi.
Dans le Shingon, le Bouddha ultime symbolisant l'univers est appelé « Daïnitchi-Nyoraï » Maha Vairocana, le Bouddha grand soleil, car la lumière du soleil symbolise au mieux l'état de la conscience purifiée qui perçoit la vacuité. La lumière blanche est la synthèse et la source de toutes les autres couleurs. C'est pourquoi il existe un Bouddha ultime qui rassemble toutes les qualités des autres bouddhas et Bodhisattvas, qui sont l'expression de ses différents aspects.
Il s'agit donc de faire fusionner son esprit avec « Daïnitchi-Nyoraï » par la pratique des trois mystères, qui sont le mystère du corps, de la parole, et de la pensée, c'est-à-dire effectuer simultanément un geste symbolique avec les mains, un mûdra, répéter un mantra et visualiser devant soi la forme de la divinité bouddhique en rapport.
Comme l'univers est très vaste, nous avons à développer diverses qualités de conscience pour nous y intégrer harmonieusement, elles sont les étapes qui amènent à l'éveil spirituel, samadhi. Ce processus d'éveil a été structuré sous la forme d'un diagramme mystique appelé mandala, comportant différents quartiers avec de nombreux bouddhas.
Un mandala est une carte d'anatomie spirituelle de l'homme expliquant comment pénétrer à l'intérieur de ses centres d'énergie (chakra). La méditation sur sa forme en répétant les mantras et effectuant les mûdras permet de se connecter avec le cœur des bouddhas et du maître qui a initié le pratiquant. Les deux grands mandalas du Shingon, le Kongôkaï et le Taïzôkaï, regroupent ainsi de nombreuses divinités bouddhiques symbolisant différents niveaux de conscience. Disposées en plusieurs quartiers, expriment la compassion, douceur, d'autres l'intelligence, le discernement, d'autres encore l'énergie, la force pour vaincre tous les aspects négatifs du subconscient.
La voie qui mène à l'éveil spirituel est donc celle du développement de toutes nos potentialités, qui peuvent se regrouper en deux mondes, se complétant et s'enrichissant mutuellement. Le monde des idées, Kongôkaï (plan du vajra) et le monde de la sensibilité, Taïzôkaï (plan de la matrice du lotus).
Afin de comprendre ce qu'il perçoit du monde, l'homme doit l'analyser et élaborer des concepts avec discernement. C'est pourquoi on symbolise par le vajra, le diamant qui coupe, le principe masculin de sagesse.
Cependant pour comprendre vraiment quelque chose il faut aussi le percevoir dans sa totalité au-delà des détails, sinon la théorie inventée pour l'expliquer peut être réductrice et fausse. Il faut donc augmenter la sensibilité et le volume des perceptions, en faisant abstraction de ses a priori ou de ses théories antérieures, c'est-à-dire développer une ouverture intérieure vis à vis de l'autre, vis-à-vis de la vie, qui n'est possible que si le cœur est humble, doux, sans préjugé, compatissant, c'est le cœur de bodhi. Plus la compassion est grande, plus les perceptions deviennent fines, directes, immédiates, car on perçoit l'autre par fusion globalisante du cœur. Ce n'est pas par un raisonnement que la connaissance est obtenue, mais par l'intuition, c'est pourquoi on l'identifie au monde féminin de la matrice, le Taïzôkaï qui décrit la diversité de la vie, correspond aux cinq éléments : la terre, l'eau, le feu, l'air, l'éther. Le monde du Kongôkaï est le 6e élément, la conscience.
Développer et unir en soi ces deux mondes, deux polarités latentes en chacun de nous, féminine et masculine, intuitive et réflexive, active et méditative, c'est trouver l'équilibre intérieur. Pour atteindre l'éveil, il faut faire fusionner ces deux principes en soi.
C'est au cours de cérémonies d'onctions appelées « kanjô », que le maître l'acariya consacre l'eau pour transmettre directement l'essence de la connaissance et de la compassion du Kongôkaï et du Taïzôkaï. Transmission qui se fait de cœur à cœur.
Kūkai
Kôbô-Daïshi (弘法大師, 31 juillet 774 - 22 avril 835), plus connu sous le nom de Kukai (空海), est le saint fondateur du Shingon ; il est aussi une figure marquante de l'histoire du Japon : son esprit universel a fortement influencé la culture et la civilisation japonaises. Il était non seulement un grand religieux, mais aussi un éminent homme de lettres, un philosophe, poète et calligraphe. Toute sa vie il manifesta une grande bienveillance pour tous les êtres, et c'est pour cette raison qu'il est encore, de nos jours, si populaire au Japon.
Naissance et enfance
Il naquit en 774, au village de Byôbuga-ura, dans l'île de Shikoku. Sa famille était prospère, son père avait exercé le rôle de gouverneur de province. Il était le troisième enfant et reçut le prénom de Mao, qui signifie « Poisson de vérité ». Très tôt il manifesta une remarquable intelligence, alors, il fut appelé Tôtomono, le « précieux ». Déjà dans ses jeux, il montrait une profonde attirance pour la religion car il avait l'habitude de façonner des Bouddhas en argile pour ensuite les prier sur des petits autels. À l'âge de 15 ans, il se rendit à la capitale, Kyoto, auprès de son oncle, savant renommé, précepteur à la cour, pour étudier les belles lettres chinoises et les textes du Confucianisme. Inscrit au collège gouvernemental à 18 ans, il étudia assidûment durant deux ans; devant ses brillants résultats la famille espérait qu'il deviendrait haut fonctionnaire à la capitale, mais le jeune Kûkaï s'intéressait plus au Bouddhisme qu'à sa carrière. Il étudiait également les textes anciens du Bouddhisme traditionnel de Nara. Comprenant la vanité de ses études laïques, il quitta le collège malgré la forte opposition de son entourage.
La pratique du Bouddhisme
La fin du VIIIe siècle est marquée au Japon par de grands changements politiques. Le clan des Fujiwara prend le pouvoir et l'empereur Kanmu transfère la capitale de Nara à Kyoto. Ce renouvellement total augmente les charges qui pèsent sur le peuple qui souffre de la misère. De par sa nature profonde, Kûkaï avait senti que dans le Bouddhisme se trouvait la solution des problèmes essentiels de la vie des hommes. Il choisit donc de vivre en ascète errant, pour approfondir sa foi par la pratique religieuse. Il était le disciple d'un maître de temple, le prêtre Gonzô, qui l'initia au rituel de Goumonji, bien qu'il ne fut pas officiellement moine. Il pratiquait intensivement ce rituel et vivait tantôt dans des huttes au sommet des montagnes, tantôt dans des grottes au bord de l'océan. C'est ainsi qu'un jour, il vit l'étoile Vénus de l'aube descendre sur lui, et entrer dans sa bouche lui apportant l'Illumination. À vingt quatre ans, il écrivit le « Sangô Shiiki », la vérité finale des trois enseignements, y comparant les trois idéaux du Confucianisme, du Taoïsme et du Bouddhisme, pour conclure que ce dernier est plus profond et plus apte à sauver les êtres, puisqu'il résout les problèmes de fond de la vie humaine. Il répondait ainsi aux reproches de son entourage qui l'accusait de ne pas vouloir servir son pays, et dès lors il se consacra entièrement à l'étude de la Voie.
La découverte du Bouddhisme ésotérique (Mikkyo)
Malgré ses études dans les temples de Nara, il n'était pas encore satisfait. Un jour il fit un rêve, l'invitant à se rendre dans le temple de Kumédéra. Là, il découvrit un texte encore peu connu au Japon, le Daïnitchi-kyô. Comme il ne pouvait le comprendre, il décida d'aller en Chine pour y approfondir cet enseignement. De 24 à 31 ans, c'est-à-dire jusqu'à son départ en Chine, nous ne possédons pas de documents sur sa vie, mais il est très probable qu'il dut beaucoup étudier et se perfectionner en chinois. | |
| | | Djé Gardien du forum
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| Sujet: Re: Bouddhisme Vajrayana Dim 31 Aoû - 17:49 | |
| Le départ pour la Chine
En 804, à 31 ans, grâce à l'appui de sa famille, il reçut l'autorisation de partir en Chine avec un ambassadeur. Juste avant son départ il reçut officiellement l'ordination de moine et prit le nom de Kûkaï qui signifie « Océan de Vacuité ». Un autre religieux célèbre dans l'histoire du Japon, Saichō, partait en même temps que lui sur un autre bateau. Il avait déjà fondé au Hieizan, au nord de Kyoto, un monastère du Tendaï et débutait brillamment sous la protection de l'empereur Kanmu. Après plus d'un mois de voyage, difficile, dû aux tempêtes, l'ambassadeur et Kûkaï débarquèrent en chine, très loin de la capitale Chang'an. Sur les quatre bateaux de la flotille, seulement deux étaient arrivés et le leur était dans un état si misérable que les autorités les prirent pour des pirates. C'est seulement lorsqu'ils virent la magnifique calligraphie de Kûkaï qu'ils reconnurent leur erreur. Aucun pirate n'aurait pu écrire avec une telle noblesse. Ils traversèrent la Chine par voie de terre, pour enfin arriver à Chang'an la ville internationale la plus cultivée et la plus prospère du monde à l'époque. La Chine des Tang était à son apogée et, commerçants, philosophes et religieux du monde entier se côtoyaient dans sa capitale. Kûkaï s'enrichit au contact de ce foisonnement d'idées et de cultures si différentes. Il se rendit célèbre à la cour de l'empereur pour la beauté de ses ses calligraphies. Elles sont devenues maintenant des Trésors Nationaux du japon, visita de nombreux temples et connut divers grands maîtres. Il apprit ainsi le sanscrit auprès d'un maître indien. Cependant sa rencontre la plus importante fut celle avec Keïka-Ajari, ( Hui-go) le disciple de Fûkû-Sanzô (Amoghavajra), le plus grand maître vénéré de l'ésotérisme chinois.
Initiation au Bouddhisme ésotérique
Dès la première rencontre en mai 805, Keïka-Ajari reconnut Kûkaï: « Je savais que vous viendriez. J'avais attendu si longtemps. Quel plaisir de vous voir ! mais hélas ma vie se termine et je ne sais si j'aurais le temps de vous transmettre mon enseignement. » Keïka-Ajari l'initia aux cérémonies de consécration « Kanjô » durant lesquelles le disciple, les yeux bandés, doit découvrir avec quelle divinité il a la plus grande affinité. À cette occasion, la fleur que lança Kûkaï sur un mandala (diagramme symbolisant l'univers) tomba deux fois de suite au milieu, à l'emplacement du Bouddha principal (Daïnitchi-Nyorai). C'est ainsi qu'il reçut le titre de Henjô-Kongô (le diamant qui illumine tout). En quelques mois, il reçut tous les enseignements de Keïka-Ajari comme on verse l'eau d'un vase à l'autre. Le Maître fit alors préparer activement à son intention les mandalas et les objets nécessaires à la pratique des rituels et de nombreux textes sacrés furent recopiés. Après cette période de transmission intensive, le Maître mourut à la fin de l'année. Kûkaï était son dernier disciple et il était, parmi tous, celui qui avait reçu les enseignements les plus complets. C'est sans doute pour cette raison qu'on le désigna pour écrire son épitaphe.
Le retour au Japon
L'année suivante, il se joignit au nouvel ambassadeur pour retourner au Japon en Août 806. Jusqu'à la fin de son séjour, il recopia et rassembla des documents dans les divers domaines de la culture chinoise. Dès son arrivée, il envoya à l'empereur la liste des nombreux objets et documents qu'il rapportait de Chine. Grâce à sa longue préparation effectuée au Japon, il avait pu assimiler très rapidement non seulement les enseignements bouddhiques, mais aussi d'amples connaissances de culture générale, en lettres, calligraphie, médecine, travaux d'art, architecture, etc. Cependant il était parti en Chine avec une délégation officielle et il avait été convenu qu'il devait y rester 20 ans. Son retour prématuré embarrassa les autorités. Il dut demeurer environ quatre ans au Temple de Kanzéonji dans l'île de Kyûshû, au sud du Japon, avant de recevoir l'autorisation de rejoindre la capitale.
Les débuts du Shingon
Statue de KûkaiSur l'ordre de l'empereur, il séjourna au temple de Takaosanji au Nord de Kyoto, où il commença à donner les enseignements du Shingon. Durant cette période, de graves troubles politiques secouèrent le pays, et Kûkaï fit des cérémonies pour apaiser la guerre civile. À trente six ans, il reçut la permission de l'empereur, de fonder l'école Shingon. Il en résume les points caractéristiques ainsi : « Le Shingon est l'enseignement le plus profond du Mahayana. Il se consacre a assurer la paix du pays par la prière, a sauver tous les êtres en chassant les malheurs et en apportant les bonheurs. Son idéal, c'est devenir Bouddha, dans cette vie, avec ce corps, ce qui signifie vivre dans la vérité ». A cette période, il initia le moine Saïchô (Kogyo Daishi)et quelques-uns de ses disciples, à la cérémonie d'onction et de consécration appelée « Kanjô ». Saïchô était resté neuf mois en Chine et dès son retour au Japon, il fonda l'école Tendaï au mont Hieï. (La doctrine Tendaï, était un ésotérisme mêlé d'enseignements non ésotériques reposant sur le Sûtra du Lotus. Il présenta aussi à l'empereur Kanmu, un recueil de ce qu'il rapportait, et son succès vint en partie du fait qu'on considéra que l'ésotérisme était partie intégrante de sa doctrine. N'ayant pas reçu les enseignements les plus profonds il demanda ensuite à Kûkaï de lui transmettre par écrit certains livres pour structurer sa doctrine. Celui-ci accepta en partie, refusant seulement de lui transmettre ce qui, à ses yeux devait passer par une initiation sur plusieurs années. Des disciples de Saicho ayant décidé de rester avec Kukaï firent que les relations entre les deux hommes s'interrompirent. À la mort de Saïchô, ses disciples direct retournèrent en Chine pour approfondir le Mikkyô, et donnèrent ainsi sa forme définitive à l'école Tendaï, qui représente actuellement au Japon le Bouddhisme semi-ésotérique, du Tendaï se développeront ensuite, l'amidisme, le zen et l'école du lotus. Le Bouddhisme était représenté à la période Héian (794-1192) par les six écoles de Nara plus les deux nouvelles religions : le Shingon et le Tendaï. En 813, l'empereur Saga invita les grands maîtres des huit écoles dans son palais, pour une discussion publique des mérites respectifs de leurs doctrines. Tous sauf Kûkaï, dirent que l'état de Bouddha demandait de très nombreuses vies pour être réalisé. Kûkaï donna l'essentiel de son enseignement à cette occasion.
Sokushin-Jôbutsu
(« Devenir Bouddha dans cette vie avec ce corps »)
Dans la discussion qui l'opposa aux autres écoles, il développa la pensée du Sûtra suivant :
« L'homme doit connaître son propre cœur tel qu'il est. Celui qui connaît l'origine de son propre cœur tel qu'il est, connaît le cœur des Bouddhas. Celui qui connaît le cœur des Bouddhas peut connaître le cœur de tous les êtres. Il peut connaître la Vérité de l'Univers et devenir un avec lui. Il peut devenir Bouddha dans cette vie avec ce corps. C'est l'état ou les trois sources du karma, du corps, de la parole, et de la pensée des hommes, deviennent un avec les Trois Mystères, du corps, de la parole, et du cœur du Bouddha. Si l'homme cherche la Sagesse du Bouddha, et maintient constamment sa pensée en lui, il peut réaliser rapidement l'état de Bouddha avec ce corps né de ses parents ».
Devant le scepticisme des autres religieux, il fit les gestes sacrés avec les mains (mûdra), répéta les mantras (shingon), et médita sur le Bouddha Grand Soleil, « Daïnitchi-Nyoraï ». À la surprise de tous, il manifesta un état de Samadhi très profond, son corps devint très lumineux et prit la forme du Bouddha, assis sur un lotus à huit pétales. Kûkaï était non seulement un grand religieux mais aussi un homme fort cultivé, enrichi par toutes les connaissances qu'il rapportait de Chine. Une amitié réciproque naquit avec le nouvel empereur Saga, qui était également un homme de lettres et un éminent calligraphe. | |
| | | Djé Gardien du forum
Nombre de messages : 218 Age : 41 Date d'inscription : 30/08/2008
| Sujet: Re: Bouddhisme Vajrayana Dim 31 Aoû - 17:49 | |
| Fondation du monastère du Mont Kôyasan
En 816, il reçut de l'empereur la permission de construire un monastère sur le mont Kôyasan. Il avait reconnu ce site sauvage, lorsqu'ascète errant il pérégrinait à travers le pays. Situé à 850 m d'altitude, ce plateau entouré de huit montagnes évoquait pour lui le Royaume de la Matrice, le lotus à huit pétales où siège le Bouddha. Son isolement et sa végétation magnifique en faisaient un lieu privilégié pour la méditation, mais les travaux de construction rencontraient des difficultés dues au froid, à la neige persistante et à l'éloignement de toute autre habitation. Toutefois, petit à petit, un monastère s'édifia. Le temple fut appelé le sommet de Vajra, « Kongôbuji ». En 832, Kûkaï célébra la cérémonie d'offrande de 10.000 lumières pour le bonheur de tous les êtres. En 834, commença la construction du stupa principal, Daïtô, sorte de temple reliquaire, haut de cinquante mètres, contenant des statues de Bouddha, ainsi que celle du Saïtô (stupa de l'ouest). Kôbô-Daïshi ne vivra pas assez longtemps pour voir l'achèvement de tous les projets qu'il avait conçus. Mais ses disciples continueront son œuvre et actuellement le Kôyasan est le centre le plus important du Shingon, célèbre dans tout le pays et visité chaque année par des milliers de pèlerins.
Le Temple du Tôji
En 832, l'empereur offrit à Kûkaï un des deux grands temples de la capitale, situé à l'Est de Kyoto, le Tôji. Il consacra ce temple pour la protection spirituelle du pays, et en fit le temple siège du Shingon. Là, pour la première fois, une cinquantaine de moines étudiaient exclusivement la doctrine ésotérique. En peu de temps, d'autres bâtiments s'édifièrent et la construction d'une grande pagode à cinq étages (Gojû-no-tô) s'amorça. Sous sa direction, des artistes sculptèrent des statues pour exprimer les vérités essentielles de l'ésotérisme. Parmi les vingt et un chefs-d'œuvre qu'on peut admirer aujourd'hui, tous trésors nationaux, quatorze datent de cette période. Le Tôji reste aujourd'hui un des plus grands temples du Shingon où, au début de chaque année, les principaux grands maîtres du Shingon se retrouvent, et durant une semaine pratiquent des rituels pour la protection de l'empereur, du pays et de tous les êtres.
Activités sociales de Kûkaï
Durant toute sa vie, Kûkaï œuvra pour soulager la misère du peuple. Ses qualités humaines et sa conduite exemplaire en faisait un modèle pour tous ; sa réputation de meneur d'hommes fit qu'on lui confia la reconstruction d'une digue, que les ingénieurs n'arrivaient pas à colmater. En 828, il ouvrit près du Tôji, la première école pour le peuple. C'est à cette époque qu'il composa également l'un des premiers dictionnaires du Japon. De nombreuses légendes se sont répandues dans tout le Japon, sur les miracles ou sur les exploits vertueux de Kûkaï. Après sa mort, les moines cherchaient à édifier le peuple et à répandre sa doctrine. Certains temples Shingon peuvent se prévaloir de posséder une trace visible de son passage : ici il a découvert une source, médité dans une grotte ; là, il a sculpté dans l'arbre un Bouddha, peint son image sur la soie en se regardant dans l'eau d'un lac; réalités et légendes se mêlent étroitement mais contiennent un précieux enseignement pour comprendre sa doctrine et cerner sa personnalité. Quoi qu'il en soit, son activité sociale fut intense et certains pensent que c'est à cause de cela qu'il mourut d'épuisement à la tâche. L'empereur et les dignitaires lui demandaient souvent de prier pour leur santé, pour la protection du pays, ou encore, en période de sécheresse, pour faire venir la pluie. Partout sa réputation était grande, tant il était vénéré tant par la noblesse, le clergé et le peuple. Le plus remarquable, c'est que malgré tout ce qu'il a entrepris on ne lui connaît que peu d'ennemis de son vivant.. Sans doute parce qu'il mit en pratique cette sentence qu'il gardait toujours écrite à ses côté : « Ne jamais dire du mal de quiconque, ne jamais dire du bien de soi ».
Œuvre artistique et littéraire
Okuno-In, le mausolée de Kûkai, Mt. Koya, JaponKûkaï a donné au Japon le génie qui allait lui permettre de se libérer du carcan culturel chinois. Il a perfectionné les connaissances nouvelles et en a retiré l'essence. C'est son œuvre qui inspira toute la civilisation japonaise. Poète, calligraphe, homme de lettres, philosophe, habile politique, cet esprit universel a laissé une littérature considérable dont les œuvres principales sont : 1) Benkenmitsunikyo-ron « comparaison des Bouddhismes ésotérique et exotérique », 2) Sokushinjô- butsu-gui « enseignement pour devenir Bouddha dans cette vie avec ce corps », 3) Joujoushin-ron « les dix niveaux de développement de l'esprit », etc. Il a dirigé la construction de temples, des travaux d'art ; et au Tô-ji, ses œuvres par artistes interposés font partie des trésors nationaux du Japon.
Son départ
A cinquante huit ans, il tomba malade et dut se retirer des affaires publiques. Il retourna au Kôyasan pour se soigner et s'occuper de ses disciples. Cependant il obtint la permission de prier dans un temple du palais impérial, pour la protection du pays et la santé de l'empereur. Pendant sept jours, il pratiqua du 8 au 14 Janvier 835, les cérémonies du « Mishuhô » dont la tradition est toujours maintenue par les plus grands maîtres du Shingon au Tôji. Le 21 Mars 835, âgé de soixante deux ans, il entre dans le samadhi éternel. En 921, il reçut le titre posthume de Kôbô-Daïshi, le Grand Instructeur qui a répandu la loi.
Son rayonnement de nos jours
Moines apportant de la nourriture à Kôbô Daishi au Mont Koya. Croyant qu'il n'est pas mort mais seulement en pleine méditation, ils le nourrissent chaques jours et changent ses vêtements. Seuls les moines les plus importants sont autorisés à le voir.Derrière le temple d'Okuno-in à Kôyasan, se trouve son tombeau ; mais les fidèles et les moines pensent qu'il est toujours vivant et qu'il veille sur eux. Son corps qui est resté intact est dit médité en attendant la venue du prochain Bouddha Maïtreya. Malgré les siècles qui passent, il est toujours aussi aimé et présent dans les cœurs. Dans tout le Japon, des temples grands ou petits lui sont consacrés, tels ceux de Nishiaraï-Daïshi, Kawasaki-Daïshi près de Tôkyô où toute la journée on lui rend un culte, et durant les rituels de feu, on invoque son nom pour qu'il exauce les prières. Un des lieux où on le prie le plus, est certainement son île natale de Shikoku. Un pèlerinage circulaire lui est consacré, quatre vingt huit temples principaux et vingt secondaires se répartissent comme les grains d'un chapelet sur la périphérie de l'île, atteignant ainsi le chiffre symbolique de 108. Chaque année, des millions de japonais s'y rendent pour prier et bénéficier de la grâce des Bouddhas, mais aussi car c'est dit-on un moyen incomparable pour se préparer à la mort et renaître au paradis près du Saint. Reverend Yukai
Indonésie et Malaisie
A la fin du VIIIe siècle, le vajrayana s’implante depuis l’Inde sur l’île de Java où est construit le temple de Borobudur. L’empire de Srivijaya devient un centre de diffusion du bouddhisme tantrique. Atisha y fut l’élève de Serlingpa, prince et érudit. L’Islam l'éclipsa au XIIIe siècle.
Mongolie
En 1239, les Mongols pénétrent pour la première fois au Tibet dans le cadre de leur encerclement militaire de la Chine. En 1244, le prince Köden invite Sakya Pandita, chef des sakyapa, à se rendre au Kokonor pour reconnaitre la suzeraineté mongole sur le Tibet. Celui-ci amène avec lui deux neveux, Drogön Chögyal Phagpa ('Phags-pa; 1235-1280) et Chana Dorje (Phyag-na Rdo-rje) (1239-1267). Le prince manifeste, dit-on, un grand intérêt pour le bouddhisme et devient un adepte. En 1269, Kubilai Khan, alors pratiquement empereur de Chine, donne le contrôle administratif de l’ensemble du bouddhisme chinois à des lamas sakyapa. Adopté officiellement par la famille impériale (qui conserve néanmoins les shamans et cérémonies de sa religion traditionelle), le vajrayana se répand chez les Mongols. Des tulkus, chefs de lignages réincarnés, sont découverts parmi eux. Les liens restent autant politiques que religieux, comme en témoigne une intervention militaire à la fin du XVIIe siècle pour mettre en place un nouveau Dalai Lama. De nos jours encore, le vajrayana reste pratiqué par la majorité des Mongols.
Exil et diffusion
Aujourd’hui, presque tous les grands monastères et chefs de lignages du vajrayana tibétain ont leur siège principal au Népal, en Inde, au Sikkim, au Bhoutan ou au Ladakh. Beaucoup (y compris le Bön) ont saisi l’occasion pour propager activement leur enseignement en dehors des régions himalayennes. Si la lignée gelugpa est la plus répandue chez les Himalayens, Karma Kagyu semble avoir une présence internationale plus importante. Le bouddhisme Shingon également se diffuse en dehors du Japon. | |
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